Avec 1300 spectacles en cinq jours, le CMJ Music Marathon de New York est assurément un exercice d'endurance pour les tympans. Petit survol des performances les plus intéressantes de cette 32e présentation.

Éparpillé dans plus de 80 salles de la ville, le CMJ Music Marathon porte bien son nom, puisqu'on passe son temps à courir d'une salle à l'autre pendant cinq jours. Les groupes qui multiplient les concerts afin de se faire remarquer passent la semaine à déballer et à remballer leurs instruments dans un ballet joyeusement cacophonique et étourdissant. Si quelques noms plus connus apparaissent ici et là dans la programmation, le CMJ reste d'abord et avant tout un festival consacré à la découverte de nouveaux talents. En voici 10 qui nous ont impressionnés.

Metz

Le trio post-punk de Toronto débarquait à New York avec un premier album sous le bras et une réputation explosive. Il n'a pas déçu et il a laissé bien des tympans en état de choc, mardi dernier, dans l'hyper bondée Cameo Gallery de Brooklyn. Guitare, basse, batterie, tous décibels dehors: la recette n'est peut-être pas nouvelle, mais elle est efficace.

Deap Vally

Imaginez les White Stripes, mais une version dans laquelle Jack et Meg White auraient été remplacés par deux «vixens» tout droit sorties d'un film de Russ Meyer: voici le duo californien Deap Vally. Attitude, décolletés et gros rock de garage sale: le mélange s'est révélé irrésistible sur scène.

Death Grips

Plus connus que la moyenne des groupes du CMJ, les Californiens de Death Grips comptent déjà de nombreux fans. Leur mélange de hip-hop hardcore et de noise apocalyptique est la chose la plus viscéralement agressive vue sur scène de tout le CMJ. Un véritable torrent de rage mû par un batteur incandescent et un MC en transe. Verdict d'Ali Shaheed Muhammad qui officiait en tant que DJ à la soirée: «C'est le meilleur set que j'ai vu de toute l'année.»

Conveyor

Lunettes hipsters, guitare turquoise, attitude positive: le chanteur du quatuor de Brooklyn possède la personnalité la plus sympathique qu'on ait vue sur scène au CMJ. Conveyor, qui fait dans l'indy-pop entraînante mais ciselée, pourrait devenir le prochain Vampire Weekend qu'on ne serait pas surpris.

Savages

Composé de quatre Anglaises, Savages est un des groupes qui a généré le plus de buzz cette année. Et pour cause: les filles ont du style et du charisme. Mais surtout, leur post-punk est solide, noir et mélodique, évoquant à la fois Nick Cave, Joy Division et Mission of Burma.



DIIV

Le quatuor de Brooklyn, connu notamment pour les chemises XXXL de son filiforme chanteur Zachary Cole Smith, verse dans l'indy-pop aérienne, rêveuse et accrocheuse. Prometteur.

Angel Haze

Désignée comme la prochaine Azealia Banks (qui, ironiquement, n'est vraiment sortie de l'anonymat que l'an passé), Angel Haze était la rappeuse la plus populaire du festival. Elle fera assurément parler d'elle.

Port St. Willow

Accompagné d'un batteur et d'une claviériste pour la durée du CMJ, le guitariste et chanteur Nick Principe possède une voix unique, envoûtante, à la fois haut perchée et presque fantomatique. Les morceaux lancinants et atmosphériques du groupe devraient plaire aux fans de Radiohead.

Tashaki Miyaki

Le trio lo-fi de Los Angeles a le nom le plus improbable qui soit (inspiré du réalisateur japonais Takashi Miike). À les voir sur scène, on imagine plutôt la batteuse, la bassiste et le guitariste dans un film de Sofia Coppola.

Hundred Waters

Signé avec le label de Skrillex, le quintette de la Floride n'a absolument rien en commun avec le roi chevelu du dubstep. Hundred Waters verse plutôt dans le «folk digital» soigné, rehaussé de touches de jazz. La voix de la chanteuse principale, Nicole Miglis, n'est pas sans rappeler celle de Björk.

M pour Manitoba

Le groupe peut-être le plus attendu de la quatrième présentation de M pour Montréal au CMJ? Royal Canoe du... Manitoba. Bizarrement, une bonne partie des artistes présentés par M pour Montréal cette année n'avaient que des liens ténus avec la ville. Outre Royal Canoe, il y avait notamment Absolutely Free et Moon King, qui viennent de Toronto. Le chanteur de ce dernier groupe, Daniel Woodhead, trouvait lui-même cela étonnant. «Mais on se connaît tous très bien, on forme une grande famille», a expliqué le chanteur, qui joue également dans le groupe Doldrums avec son frère (qui, lui, habite à Montréal).

Le festival Pop Montréal organisait également un événement au CMJ, son deuxième en autant d'années. Le festival, qui n'a pas pour principale mission de représenter les artistes de sa ville, proposait quand même une affiche plus montréalaise avec les groupes Valleys, Goose Hut, Solar Year, Blue Hawaii, CTZNSHP et Mozart's Sister. Du lot, c'est l'électro de Blue Hawaii qui a attiré la plus grosse foule, après avoir fait l'objet d'une mention sur le site du New York Times

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Photo Yves Schaëffner, collaboration spéciale

Le mélange proposé par les filles de Deap Vally s'est révélé irrésistible sur scène.