L'intérêt des jeunes pour la télévision traditionnelle est en déclin; les bibliothèques de quartier n'ont plus la cote; les musées sont boudés par les jeunes de moins de 25 ans... En revanche, les spectacles de musique et le cinéma font partie des activités préférées des jeunes, qui les considèrent comme des occasions de socialiser. Sinon, les jeunes lisent toujours, particulièrement les filles, mais sur le web essentiellement. Pour le reste, ils sont indissociables de leurs appareils mobiles.

Voilà quelques-unes des conclusions d'une étude qualitative sur la participation culturelle des jeunes de Montréal, dévoilée par Culture Montréal la semaine dernière. Menée par Christian Poirier, l'équipe de chercheurs a rencontré 58 jeunes le printemps dernier, pour discuter de leurs pratiques culturelles, que ce soit comme créateurs ou comme consommateurs de produits culturels. Des jeunes âgés de 12 à 34 ans, de toutes les régions de Montréal, des francophones en majorité, mais aussi des anglophones et des Montréalais issus des communautés culturelles. Des jeunes qui aiment mélanger les genres, écouter du classique et du rap, fréquenter un festival, créer et diffuser des vidéos. Bref, des «omnivores culturels avec un déficit d'attention», pour reprendre l'expression du président de Culture Montréal, Simon Brault. Beaucoup moins faciles à catégoriser qu'on le croit.

«Plusieurs études statistiques ont été faites récemment, notamment par l'Observatoire de la Culture, a-t-il précisé. On sait que certaines disciplines artistiques sont plus populaires que d'autres. Mais cette fois, nous voulions savoir ce que pensent les jeunes de la culture, ce qui les motive aussi. Ce n'est pas tant ce qu'ils consomment ou ce qu'ils font comme transactions qui nous intéresse, mais la représentation qu'ils se font de la culture.»

Tout en même temps

Pour colliger ces informations, Christian Poirier a eu des entretiens d'une à deux heures avec ces jeunes. Dans 37 cas, il s'agissait de rencontres privées. Un des éléments centraux de l'étude révèle, on ne sera pas surpris de l'apprendre, que les jeunes sont nombreux à combiner par exemple l'écoute musicale, la lecture et même le visionnement d'émissions et de vidéos sur le web. La mobilité est, en tout cas, centrale dans leur comportement culturel.

Les obstacles à la participation culturelle demeurent le temps, l'argent et la motivation. Les jeunes sont par ailleurs très influencés par leurs pairs, leurs amis et leurs parents. En ce sens, l'intérêt des parents et de l'école pour la pratique culturelle est déterminant. Le lieu géographique est aussi très important, selon Christian Poirier. Les jeunes des quartiers les plus excentrés de Montréal ayant une participation culturelle moins grande, étant donnée l'offre culturelle moins présente.

L'étude dresse enfin une dizaine de portraits d'acteurs culturels qui seraient assez représentatifs des différentes tendances constatées par les chercheurs. Au final, Simon Brault espère ainsi poursuivre le dialogue avec les jeunes pour que les institutions s'adaptent à la réalité des pratiques culturelles d'aujourd'hui, ce que font très bien, selon lui, la Grande Bibliothèque et le Musée des beaux-arts de Montréal. «Les jeunes créent leurs propres événements culturels, en marge des institutions. Mais il faut être à l'écoute de ce qu'ils font, pour maintenir ce dialogue.»