Les murs de sa loge au Rideau Vert sont couverts de photos. Dans sa première pièce au Rideau Vert, On ne badine pas avec l'amour, en 1964. Dans L'amant, d'Harold Pinter, en 1968. Dans La putain respectueuse de Sartre... On la voit aussi à Paris, à Moscou et même aux États-Unis aux côtés d'un certain Elvis! Monique Miller joue depuis près de 60 ans avec toutes les générations d'acteurs. À 79 ans, la comédienne a même fait un solo de 16 minutes pour le chorégraphe Sylvain Émard.

C'est un véritable retour au Rideau Vert pour Monique Miller, qui s'apprête à monter sur scène avec Annick Bergeron et Marie-Ève Pelletier dans La corneille, de Lise Vaillancourt. «La dernière fois que j'ai joué ici c'était dans Yerma, de Garcia Lorca. C'était il y a 38 ans! Ça fait trois ans que Denise [Filiatrault] me dit: "Viens jouer ici ce que tu veux"! L'occasion s'est présentée avec ce texte de Lise Vaillancourt que j'aime beaucoup.»

Ce n'est pas la première collaboration de Monique Miller avec l'auteure. En 2001, elle a joué dans L'affaire Dumouchon, à La Licorne, dans une mise en scène de Martin Faucher. Trois semaines avant la première, son partenaire de scène et ami, Jean Besré, mourait dans un accident de voiture. «C'était épouvantable, se rappelle Monique Miller. Quand Martin m'a dit qu'il avait eu un accident, je me suis dit: "Pas grave, il va jouer en chaise roulante!" On ne s'attendait tellement pas à ça. Jean a été remplacé par Vincent Bilodeau, qui a été formidable. Mais ça n'a pas été facile...»

Dans La corneille, mise en scène par Geoffrey Gaquère, elle interpréte le rôle d'une mère envahissante et verbomotrice qui débarque chez sa fille, elle-même déjà envahie par des corneilles. Cette fille sera jouée par Annick Bergeron. «Annick a été ma fille dans Vu du pont, d'Arthur Miller, dans Toutefemme de Peter Karpati, dans La cerisaie, de Tchekhov...» Cette saison, on verra Monique Miller dans Lapin blanc, lapin rouge à Espace libre en décembre, et dans Le diable rouge chez Duceppe en 2013, où elle renouera avec Serge Denoncourt.

Sa confidence

Fabien Cloutier, l'auteur de Scotstown et de Billy (ou les jours de hurlement) est présentement en train de m'écrire une pièce.

Questions / Réponses

Q: Si vous étiez une personnalité qui a marqué l'histoire?

R: Aliénor d'Aquitaine. Un personnage que j'ai incarné à deux reprises. En 1971 dans Becket ou l'honneur de Dieu, de Jean Anouilh alors qu'elle avait 25 ans et il y a deux ans dans Le lion en hiver, quand elle en avait 60! C'était une femme forte, une grande amoureuse, qui savait ce qu'elle voulait, et qui a su mener le destin de l'Angleterre jusqu'à ce qu'elle se heurte à son mari.

Q: Dans quel roman aimeriez-vous vivre?

R: Ça a l'air prétentieux, mais À la recherche du temps perdu.

Q: Si vous étiez un plaisir coupable?

R: Des mets asiatiques. J'adore la cuisine thaï, chinoise, vietnamienne.

Q: Qui serait l'invité d'honneur au souper de vos rêves?

R: Martin Scorsese, même s'il parle plus vite que moi! Claude Jutra me disait qu'il avait été sur un de ses plateaux et qu'il était vraiment speedé, mais j'aimerais le rencontrer, il est tellement immense, tellement extraordinaire. Et j'espère qu'on discuterait d'un film...

Q: Quels étaient votre premier disque et votre premier livre?

R: Mon premier disque était d'Yves Montand, Battling Joe, cette période-là. C'était mon idole, j'ai été amoureuse de lui! Mon premier livre, comme beaucoup de jeunes filles de mon temps, c'était ceux de la comtesse de Ségur. Je me souviens aussi de l'Encyclopédie de la jeunesse que nous avions à la maison, dans laquelle il y avait de merveilleux contes.

Q: Quelle est votre citation favorite?

R: «Il ne faut jurer de rien.» Dans la vie en général, que ce soit de la politique, de l'art, de l'amour, de l'amitié, on ne peut jamais savoir.

Q: Si vous ne pouviez plus pratiquer votre métier, que feriez-vous?

R: Je voyagerais, si j'avais assez de sous. Comme métier, je ne vois pas ce que je ferais d'autre, je joue depuis que j'ai 11 ans! Peut-être que j'écrirais. Et si c'était à refaire, peut-être que je danserais.

Q: Quel est votre rêve le plus fou?

R: Me promener dans le monde avec une belle pièce. Je l'ai fait avec Une maison un jour de Françoise Loranger, qu'on a jouée à Moscou, Le songe d'une nuit d'été, Tartuffe et aussi La guerre yes sir!, qu'on a présentée pendant deux mois en Europe, c'était un bonheur. Ce serait un rêve renouvelable!