Je comprends un peu mieux maintenant le silence qui a suivi ma question aux clowns belges: «Alors, ça parle de quoi ce spectacle?»

La vérité, c'est qu'il ne se passe pas grand-chose dans ce spectacle d'une heure et quart créé il y a plus de 10 ans... Sauf la grande complicité de ces deux clowns terriblement attachants, qui se promènent en grosses bottines et en gros nez, et qui passent le temps à se jouer des tours.

Ils se chatouillent, jouent avec un ballon, et passent plus du quart du spectacle à empiler des boîtes de carton. Un autre quart à se conter des peurs avec cette porte à deux battants... Et malgré le ridicule des situations, on se prend à leur jeu, et oui, on rit.

Comme pour leur spectacle Slips Inside, présenté au festival Montréal complètement cirque l'été dernier, Xavier Bouvier et Benoît Devos construisent des numéros assez absurdes. Le clou de Slips Inside était, faut-il le rappeler, «le saut dans la bobette»...

Donc, le premier est grand, menu et chauve, il n'a pas changé depuis six mois; pareil pour le second, presque aussi grand, mais plus trapu... et plus velu. Le premier est plus naïf, le second plus taquin. Sauf que le premier est aussi très malin. Ensemble, ils font vraiment la paire.

Pas un seul mot audible dans leurs dialogues, et pourtant, on saisit toute la subtilité de leurs échanges, qui se terminent toujours par de grandes accolades. Car au-delà des coups pendables qu'ils se font, il y a beaucoup d'affection entre ces deux clowns et amis qui multiplient les mimiques et simagrées.

C'est sans compter leur grand talent d'improvisateurs. Hier soir, un homme s'est levé au milieu du spectacle pour amener sa petite fille à la toilette. Les deux clowns ont tout simplement attendu qu'ils reviennent... Ils ont ensuite enchaîné avec leur numéro d'enclos, où l'un des clowns s'enferme, faisant des gags qui rappellent l'humour de Mordillo.

Spectacle familial, contrairement à plusieurs spectacles de cirque, Ha! ha! ha! a fait rire autant les enfants que les adultes présents lors de la première. Ce qui n'est pas rien, pour un spectacle dont on a peine à se souvenir de toutes les pitreries, qui évoquent le célèbre duo de Laurel et Hardy.

À la fin, on a envie d'aller prendre un pot avec eux. Ça peut faire ça, les spectacles de clowns réussis.

À la TOHU jusqu'au 5 janvier.