Le gouvernement du Québec a confirmé, lundi à Montréal, le lancement d'un fonds de 100 millions $ destiné à soutenir des projets culturels qui veulent rayonner sur la scène internationale.

La création de ce fonds, destiné à promouvoir la culture québécoise à l'étranger, avait été annoncée lors du dernier budget du ministre des Finances, Raymond Bachand.

La capitalisation de ce Fonds capital culture Québec proviendra de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), pour 60 millions $, et du Fonds de solidarité FTQ, pour 40 millions $.

Il s'agit non pas d'un fonds de subvention, mais d'un fonds de participation, a pris soin de souligner le ministre Bachand, au cours d'une rencontre avec la presse. «Le promoteur doit mettre des capitaux. Le Fonds viendra appuyer cette partie-là avec une espérance de rendement, sinon il n'y aura pas d'investissement», a-t-il prévenu.

Et il vise une rentabilité de 12 à 17 pour cent, sachant que certains projets vont perdre de l'argent, alors que d'autres feront davantage de profits, a précisé le ministre Bachand.

Parmi les projets envisageables, on parle de comédies musicales, de production de spectacles, d'édition de livres, de productions cinématographiques ou télévisuelles, de productions multiplateformes, d'achat et de vente de catalogues, de production de jeux vidéo, etc.

Le président et chef de la direction de la SODEC, François Macerola, a précisé que des limites seraient toutefois imposées aux investissements du fonds, soit au minimum 2 millions $ et au maximum 20 millions $.

Le fonds aura une durée limitée de huit ans, mais il serait «sage» qu'il soit prolongé éventuellement, a fait savoir le ministre Bachand.

La ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, était fière de lancer ce nouveau fonds, d'autant plus que le gouvernement fédéral, lui, a déjà sabré dans ce domaine précis du rayonnement international des groupes culturels, il y a quelques années.

«Nous avions compensé la compression du gouvernement fédéral parce qu'on considère que les artistes sont de bons ambassadeurs, mais aussi que le marché québécois est un marché limité, donc il faut aider les artistes à s'exporter à l'étranger. Dans le cas du fédéral, c'était des subventions. Ici, on ne parle pas de subvention, on parle de capital de risque. Donc, c'est un accompagnement d'entreprises qui oeuvrent dans le domaine culturel pour qu'elles puissent se développer davantage sur la scène internationale», a justifié Mme St-Pierre.

Le président-directeur général du Fonds capital culture Québec sera André Provencher, un ancien patron de La Presse Télé, des Éditions La Presse, de TVA, du Nouvelliste et du Soleil.

Au sein de ce conseil d'administration siégeront des gens du milieu culturel, comme M. Macerola, mais aussi des gens du milieu des affaires, comme Madeleine Féquière, de Domtar, et Gilles Poulin et Robert Charpentier, du Fonds de solidarité FTQ. Fait à noter, Normand Legault, longtemps associé au Grand Prix de Formule 1, siégera à ce conseil.

La ministre St-Pierre a admis que le nom de Sylvain Lafrance, un ancien patron de Radio-Canada, avait circulé pour présider le conseil d'administration, mais qu'il n'a finalement pas été nommé à ce poste ni au sein du conseil.

«Monsieur Lafrance était une excellente candidature, mais nous avons eu des discussions entre les partenaires et nous avons convenu que monsieur Lafrance n'avait peut-être pas la distance, encore, par rapport à son ancien employeur. C'était peut-être trop tôt, donc ça pouvait créer un certain malaise. Ce que nous voulons, c'est un conseil d'administration qui est tout à fait indépendant et qui ne soulèverait pas de controverse», a justifié la ministre St-Pierre.

M. Lafrance vient tout juste de quitter Radio-Canada, à la fin du mois d'octobre.

C'est finalement Claude Beaudoin, anciennement de Télémédia Radio, professeur associé à l'école des Hautes Études commerciales, qui présidera le conseil d'administration du Fonds capital culture Québec.