Wayne Fowkes avait vu Cavalia une fois, à San Francisco, et l'artiste en lui avait été touché par la grande beauté de cette évocation poétique de la rencontre entre l'homme et le cheval.

L'hiver dernier, à la ferme Cavalia de Sutton, le Britannique a passé quatre jours assis dans le manège à regarder travailler les chevaux. Toujours en se tenant loin, car il avait toujours à l'esprit la mise en garde de ses parents: «Ne t'approche pas: ils vont t'envoyer une ruade!»

«J'observais Benjamin (Aillaud, le directeur équestre) et j'étais renversé: monté sur un cheval, ce gars-là a l'air d'un roi. J'essayais de m'imprégner du mouvement, du rythme des chevaux, ces monstres qui vous observent sans avoir l'air de vous regarder.»

Quelques semaines plus tard, Wayne Fowkes prenait la décision d'abandonner la direction artistique de Notre-Dame de Paris pour se lancer à la conquête du cheval en acceptant la mise en scène d'Odysséo. Il est revenu à Sutton avec un canevas sur lequel il a travaillé avec Aillaud, les deux tentant de conjuguer le propos équestre et artistique avec les exigences d'intégration des différentes composantes scéniques, techniques et logistiques. Un immense défi.

«Odysséo est une machine énorme où le travail en coulisse est plus complexe encore que sur la piste. Il faut amener les chevaux de l'écurie, les parer et les seller, les réchauffer pendant que les artistes changent de costumes: c'est dément!»

Wayne Fowkes, qui avoue avoir la mèche un peu courte, a appris la patience auprès du cheval, son nouvel ami. Un matin, à Sutton, il a demandé à venir sur la piste, au milieu des «géants». «Une semaine plus tard, je courais avec quatre chevaux à ma suite. Aujourd'hui, je monte à cheval, ce qui me permet de faire pleinement mon métier, c'est-à-dire de découvrir les conditions de travail des artistes que je dirige pour en connaître les difficultés et les dangers.»

Si, selon la formule de Buffon, le cheval est la plus noble conquête de l'homme, Wayne Fowkes s'avère la plus récente conquête du cheval qui le laissera quand même repartir pour Paris où il doit diriger Othello au Palais des congrès. Avec une patience nouvelle pour les colorature distraites...