Les groupes du milieu de la culture au Québec ont rencontré jeudi le chef libéral Michael Ignatieff qui essaie de marquer des points auprès des organismes qui avaient tant décrié le gouvernement conservateur lors du dernier scrutin.

Cette fois, les coupes dans le secteur culturel et les programmes de soutien aux arts représentent un enjeu moins déterminant que lors de la dernière campagne électorale.

M. Ignatieff a néanmoins tenu à rencontrer ces groupes pour leur garantir qu'un éventuel gouvernement libéral fédéral doublerait le financement qu'il accorde au Conseil des arts durant un premier mandat, assurerait un financement «stable et à long terme» de Radio-Canada-CBC et verrait à mieux protéger les droits d'auteur.

«Pas de coupure à Radio-Canada, un financement stable à long terme et on va faire d'autres choix avec les avions (chasseurs F-35) et les prisons et les taxes pour les corporations», a lancé M. Ignatieff.

Sur la question des droits d'auteur, toutefois, M. Ignatieff s'est opposé à ce qu'il a appelé «la taxe iPod», c'est-à-dire une taxe sur les enregistreurs numériques afin de mieux financer les droits d'auteur. Il s'agissait là, pourtant, d'une demande émanant du milieu culturel.

Le chef du Parti libéral du Canada admet malgré tout qu» «il faut réformer le système de droits d'auteur pour arrêter l'hémorragie» dont sont victimes les artistes et créateurs, à cause des nouvelles technologies notamment.

De façon générale, M. Ignatieff a dit prôner un meilleur équilibre entre les droits des consommateurs et les droits d'auteur.

Les groupes concernés, comme l'Union des artistes, le Regroupement québécois de la danse, l'Union des écrivains, le Regroupement des artistes en arts visuels et la Guilde des musiciens, ont en général bien reçu le discours de M. Ignatieff.

Le milieu culturel avait vertement dénoncé le gouvernement conservateur lorsque celui-ci avait sabré dans les programmes d'aide financière Routes commerciales et Promart, visant à favoriser le rayonnement de la culture canadienne à l'étranger, notamment en accordant de l'aide pour les tournées à l'étranger.

Après une heure d'échanges, l'hôte de l'événement, Michel Beauchemin, qui est aussi directeur général de l'Association des professionnels des arts de la scène, a toutefois déploré le fait que M. Ignatieff ait rappelé à quelques reprises le déficit de 45 milliards $ «comme si c'était le démon incarné».

Mais le chef libéral a rétorqué qu'il référait au déficit non «pas pour vous faire peur», mais pour se comporter en homme politique «responsable», qui devait aussi tenir compte de la situation financière du pays.

Interrogé par le président de l'Union des artistes, Raymond Legault, M. Ignatieff s'est aussi prononcé en faveur de l'exemption culturelle dans un éventuel accord commercial avec l'Union européenne. «Il faut insister sur une exemption culturelle» afin de protéger la culture canadienne, a-t-il dit, mais «pas d'une façon défensive».

Pour ce qui est du budget du Conseil des arts du Canada, il s'est engagé à le faire passer de 180 millions $ à 360 millions $ durant un mandat de quatre ans d'un éventuel gouvernement libéral.

L'hôte de la rencontre, M. Beauchemin, a souligné que seul le Parti conservateur avait refusé de rencontrer les gens du milieu culturel dans le cadre de la présente élection.