Les témoignages de sympathie et de gratitude affluent à l'endroit de Pierre Gauvreau depuis l'annonce de son décès, plus tôt aujourd'hui.

Homme d'une immense richesse et d'une grande culture intérieure, Pierre Gauvreau aura autant marqué la peinture que la littérature et le monde de la télévision où il fut un pionnier.

Voici les commentaires que nous avons recueillis, à commencer par ceux de Janine Carreau, sa conjointe des 35 dernières années.

JANINE CARREAU

«Pierre était un être exceptionnel. Il écrivait comme il peignait, c'est-à-dire de façon spontanée. L'été, lorsqu'il écrivait les épisodes de ses téléromans, il faisait tout d'un premier jet. Il n'y avait pratiquement pas de ratures. Il entendait les dialogues.»

«Nous avons commencé à vivre ensemble le 2 janvier 1976 et nous savions que cette vie serait axée sur la création. Après 13 ans d'arrêt, il a été en mesure de reprendre ses pinceaux le 13 décembre 1976 et depuis, il n'a jamais arrêté de peindre. La dernière année a été très difficile sur le plan de sa santé mais il a tout de même continué à peindre jusqu'à la fin. La semaine dernière encore, nous sommes allés à la campagne (le couple possède une maison à Saint-Armand) et nous avons nommé 27 tableaux récents. Il a même réussi à en terminer un.»

JACQUES GODBOUT (réalisateur du film IXE-13 dont Gauvreau était le producteur)

«C'était une sorte de monument, un gars très solide. Il m'a beaucoup poussé dans le dos pour la réalisation de mon travail sur le film. Nous avions une complicité totale sur le projet. L'introduction des personnages, dans une caricature de la communion, au début du film, c'était son idée.»

«De mon point de vue, il poursuivait par lui-même la démarche entreprise avec le Refus global dont il était un des signataires. Il avait toujours conservé la même vision du monde.»

NICOLE LEBLANC (Rose-Anna dans Le temps d'une paix)

«Je retiens sa grande créativité, son ouverture de coeur. Pour lui, l'amitié était fondamentale. Il partageait une grande culture qui faisait que les gens autour de lui ne se sentaient pas amoindris, bien au contraire. Il a connu une très belle vie sur le plan de la créativité.»

MICHEL DÉSAULTELS (interprète de Paul dans Rue de l'Anse)

«Enfant, j'ai joué durant quatre été dans son téléroman Rue de l'Anse qui était tourné aux Méchins en Gaspésie. Nous tournions en noir et blanc, 16 millimètres et il maîtrisait très bien les plateaux qui étaient constitués de grosses équipes. Il savait où il allait mais avec les enfants, il était chaleureux. Pour moi, c'est année de tournage, ça représente la fête.»

«Lorsqu'on m'a proposé de faire un livre d'entretiens sur une personnalité du monde de la culture, j'ai tout de suite nommé Pierre Gauvreau. Il y avait peu de choses d'écrites sur lui. Cela a donné Les trois temps d'une paix qui porte autant sur son travail de peintre que celui d'auteur et de producteur/réalisateur à la télévision.

CHARLES BINAMÉ (cinéaste et ami de longue date)

«Nous nous sommes rencontrés à l'ONF en 1972 où je commençais alors qu'il était directeur de la production française. J'avais vu la pièce de son frère Claude, Les oranges sont vertes, au TNM et lui avait demandé une caméra pour en faire la captation. Puis, nous avons travaillé ensemble à Télé-Québec qui s'appelait Radio-Québec à l'époque.»

«Nous avions bien des atomes crochus. Cette amitié tournait beaucoup autour de l'univers de la création, du désir de débusquer l'inconnu. Il m'a toujours encouragé dans mes démarches de création. C'était un homme extrêmement ouvert aux arts et ce, sans préjugés.»

«Lorsqu'on m'a demandé de faire un documentaire sur lui, j'ai d'abord refusé parce que je me sentais trop proche de lui. Puis, j'ai accepté en autant que ce soit réalisé sous l'angle de l'amitié nous unissant.»

CHRISTINE ST-PIERRE (ministre de la Culture)

Réagissant ce vendredi matin au décès de l'artiste, la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a dit, lors d'une conférence de presse à eXcentris, que Pierre Gauvreau «a été important pour la culture québécoise».

«Je regrette de ne pas avoir été à son vernissage il y a un mois, a-t-elle ajouté. C'est la première pensée que j'ai eue ce matin quand j'ai appris son décès. C'était un homme formidable, un homme bon, extraordinaire. Je l'ai peu connu. Je présente mes sincères condoléances à sa famille.»

- Avec Éric Clément