Une publicité commandée par la U.S. Border and Customs Protection a été tournée à Montréal jeudi dernier avec des comédiens qui ne sont membres ni de l'Union des artistes (UDA) ni de l'Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists (ACTRA).

Ce n'est pas illégal. Les producteurs peuvent ne pas signer l'entente collective avec les syndicats et travailler avec des non-membres. Mais c'est néanmoins immoral, dénonce le critique du PQ en matière de culture, Yves-François Blanchet: «On ne peut accepter que le gouvernement américain contourne les syndicats du Québec.»

La pub vante le nouveau permis de conduire à puce, qui permet de traverser la frontière canado-américaine. Elle a été tournée par Butler Films, producteur du Maryland engagé par le gouvernement américain.

L'ACTRA a envoyé un avis de négociation à Butler Films, au gouvernement américain et à Total Casting, l'agence montréalaise qui a trouvé les acteurs. La ministre St-Pierre en a reçu une copie conforme.

«Nous souhaitons que la ministre contacte le gouvernement américain», dit Gary Saxe, organisateur national de l'ACTRA. Il a lui-même informé le gouvernement américain de cette pratique.

Mme St-Pierre n'a pas l'intention de bouger pour l'instant. «Ce n'est pas à moi de m'immiscer dans cette cause. L'ACTRA dispose des pouvoirs pour représenter ses membres», a-t-elle dit.

Une téléconférence est prévue le 4 novembre entre l'ACTRA et Butler Films. Dans une lettre que La Presse a obtenue, le producteur américain rappelle au syndicat qu'il a respecté la loi. Il se plaint aussi d'intimidation de la part de M. Saxe, ce que le syndicaliste nie fermement.

«Tout est légal»

La directrice de casting de l'agence Total, Helene Rousse, ne comprend pas la controverse. «J'ai montré à mon client les tarifs des membres et des non-membres de l'UDA et l'ACTRA. Le tarif syndiqué était deux fois plus élevé. Alors, il a choisi en conséquence. Tout est légal. Et on donne du travail à de jeunes comédiens qui commencent.»

Les acteurs ont reçu 1000 $ pour leur journée (500 $ pour la version française et 500 $ pour l'anglaise). Ils ont cédé tous leurs droits.

En comparaison, les comédiens du premier échelon de l'ACTRA reçoivent 689 $ pour une journée de travail en anglais. À cela s'ajoutent les droits de suite qui, en l'occurrence, varient de 808 $ à 1104 $, selon les normes de l'ACTRA. Des tarifs similaires s'appliquent à l'UDA.

Le président de l'UDA, Raymond Legault, aimerait que la loi soit renforcée pour que les producteurs soient obligés d'adhérer aux conventions.