L'UNESCO met en garde les États nationaux et les gouvernements: couper en culture en temps de crise est une idée à courte vue. Selon l'organisme international, la culture représente, au contraire, un «outil anti-crise» et un «moyen de développement alternatif» prometteur.

Dans un imposant rapport de 420 pages intitulé Investir dans la diversité culturelle et le dialogue interculturel, l'UNESCO fait valoir que les industries des médias et de la culture représentent plus de 7% du PIB mondial avec des recettes annuelles de 1300 milliards US, presque le double de celles du tourisme international, estimées à 680 milliards.

La culture serait donc une dimension soutenant à la fois les piliers économique, sociaux et environnementaux dans la recherche d'un développement «véritablement durable».

«Même si les secteurs traditionnels de la culture - les ventes de livres, et la fréquentation des théâtres, spectacles et cinémas - semblent montrer qu'ils évitent le pire de la crise, il faut souligner que la culture peut servir d'outil anti-crise en nous faisant l'envisager comme un moyen de développement alternatif», écrit Françoise Rivière, sous-directrice générale pour la culture à l'UNESCO dans le rapport.

Conséquemment, l'UNESCO y va de 10 recommandations afin de promouvoir la diversité culturelle en temps de crise.

Ainsi, l'organisme des Nations unies croit nécessaire de créer un Observatoire mondial de la diversité culturelle pour suivre les effets de la mondialisation sur les cultures nationales. Il invite aussi au dialogue interculturel pour «combattre les stéréotypes culturels».

L'UNESCO estime également que les gouvernements doivent «mettre en oeuvre des politiques linguistiques visant à sauvegarder la diversité linguistique et encourager le multilinguisme».

L'organisme souligne aussi l'importance de l'éducation et de la créativité comme sources du «vivre ensemble, d'innovation sociale et technologique».

«À cette fin, il faudrait faciliter l'échange de productions artistiques et la circulation des artistes, y compris par un système de visas culturels», indique-t-on dans le rapport.

L'UNESCO lutte également contre les idées reçues en affirmant que la mondialisation contribue aussi à la recomposition de la diversité culturelle. Celle-ci ne se limite pas, par ailleurs, à la diversité des cultures nationales puisque celles-ci évoluent avec le temps.

En outre, la diversité culturelle ne serait pas incompatible avec l'économie, fait-on valoir. «En pratique, la diversité culturelle gagne tous les domaines économiques, depuis le marketing et la publicité jusqu'à la finance et à la gestion d'entreprise», souligne le document.

Autant de raisons, estime l'UNESCO, pour que les États investissent dans la diversité culturelle «en lui consacrant des ressources financières et humaines accrues».