Soheil Nasseri, pianiste américain de 30 ans, d'origine iranienne, faisait ses débuts au Canada samedi soir au Bon-Pasteur devant une centaine de personnes.

Beau garçon, saluant avec le sourire, le visiteur se tient bien au piano et ne fait aucun geste inutile. La sobriété. Les extraits de presse reproduits dans le feuillet remis à la porte laissent croire que nous avons devant nous l'un des pianistes les plus importants de l'heure. Ce que nous écoutons m'inspire plutôt ce classement: niveau demi-finale de concours/élimination avant l'épreuve décisive.

M. Nasseri possède une solide technique et une grande puissance de son - une technique et une puissance comme on en trouve dans tous les conservatoires chez des douzaines de pianistes sans personnalité.

Le nouveau venu apporte contraste et imagination aux rares Variations Eroica de Beethoven, mais il y commet assez de petites fautes agaçantes pour gâter notre plaisir. Quant aux 13 Préludes op. 32 de Rachmaninov, seul le génie d'un Ashkenazy peut donner quelque dimension à ces pages plutôt vides; d'ailleurs, le Bösendorfer utilisé n'a pas la richesse du Steinway que cette musique appelle.

Trois Moments musicaux de Schubert sont joliment tournés. La soirée débute par trois pièces de l'Américain Richard Danielpour sans aucun intérêt et se termine par un autre Rachmaninov en rappel: le Prélude op. 23 no 5, en sol mineur.

SOHEIL NASSERI, pianiste. Samedi soir, Chapelle historique du Bon-Pasteur. Présentation: Révélation-Pianos André Bolduc.