Une chanteuse allemande a été condamnée jeudi à deux ans de prison avec sursis pour avoir transmis le virus du sida à un partenaire sexuel à qui elle avait caché sa séropositivité.

Nadja Benaissa, 28 ans, membre du groupe féminin No Angels, a été condamnée par le tribunal de Darmstadt pour coups et blessures aggravés pour cette contamination à l'issue d'une procès hautement médiatisé.

Elle a également été reconnue coupable de tentatives de coups et blessures aggravés pour avoir eu à deux reprises des rapports sexuels non protégés avec un autre partenaire.

En chemisier noir et jeans bleu délavé, Nadja Benaissa n'a pu retenir des larmes pendant l'énoncé du verdict par le juge Dennis Wacker, se cachant le visage dans les mains.

«Une peine de deux ans avec sursis est appropriée pour impressionner l'accusée», a commenté le juge, soulignant que la contamination n'était «pas intentionnelle». Elle a «appris à être responsable et à gérer sa maladie», a-t-il ajouté.

«Je pense que nous pouvons être satisfaits du jugement», a déclaré son avocat Oliver Wallasch à la sortie du tribunal. «La tension a été extrême» au cours du procès, a-t-il ajouté pour expliquer les larmes. «Maintenant elle doit souffler».

La pop star avait reconnu dès l'ouverture de son procès le 16 août avoir eu des rapports sexuels non protégés avec trois partenaires entre 2000 et 2004.

Le juge a tenu compte du fait qu'elle avait souvent demandé le port du préservatif, contrairement à ces partenaires, mais qu'en de rares occasions, notamment sous l'emprise de l'alcool, toute protection avait été négligée.

Mme Benaissa a été «irresponsable», avait reconnu son avocat Oliver Wallasch. Il a cependant évoqué également un «principe de responsabilité partagée» dans un rapport sexuel non protégé.

L'association allemande de lutte contre le sida Deutsche AIDS-Hilfe a «profondément regretté» jeudi le verdict qui va, selon elle, provoquer «des dégâts dramatiques» en stigmatisant les séropositifs.

Mercredi, un virologue de Munich, Josef Eberle, avait déclaré être quasi certain que Mme Benaissa était bien responsable de la contamination du plaignant, la souche du VIH étant la même dans les deux cas. Il s'agit par ailleurs d'une souche très rare en Allemagne, avait-il assuré.

«Je suis désolée, du fond du coeur», avait déclaré l'accusée mercredi. «Je voudrais revenir en arrière, mais ça, je ne le peux pas».

Elle risquait jusqu'à 10 ans de prison, mais le procureur, Peter Liesenfeld, n'avait réclamé que deux ans avec sursis à son encontre en raison de ses aveux.

L'avocat du plaignant, Hans-Dieter Henkel, avait fait savoir que la partie civile se contenterait d'une peine avec sursis.

La chanteuse, née d'un père marocain et d'une mère allemande, a connu une jeunesse mouvementée. Accro au crack à 14 ans, elle a mené pendant près de deux ans une vie d'errances, parfois dans la rue, dans le quartier interlope de la gare de Francfort. Elle a appris sa séropositivité à 16 ans, alors qu'elle était enceinte de trois mois. Sa fille n'a pas été contaminée.

Nadja Benaissa est devenue célèbre en 2000 avec le groupe No Angels qui s'était fait connaître grâce à une émission télévisé et avait enregistré une série de succès, notamment en Europe centrale, avant de se séparer en 2003.

Le groupe s'est reconstitué en 2007 avec quatre des cinq chanteuses d'origine et a pris part au concours Eurovision de la chanson en 2008, terminant à la 23e place.

Le procès s'est déroulé devant un tribunal pour mineurs, la première relation sexuelle incriminée ayant eu lieu lorsque la chanteuse avait 17 ans.