Après que La Ronde lui ait demandé de dissimuler son chandail orné d'une image de Bob Marley et de feuilles de marijuana, un Montréalais compte déposer une plainte officielle à la Commission des droits de la personne pour discrimination contre le parc d'attractions montréalais.

Brunaud Moïse, un homme noir de 32 ans, soutient que les agents de sécurité de La Ronde lui ont ordonné de cacher son chandail ou de quitter les lieux. L'homme croit que ces employés s'en sont pris à lui parce qu'il est de race noire.

La Ronde, pour sa part, se défend bien d'avoir ciblé le portrait du chanteur décédé en 1981. Un porte-parole a expliqué mercredi que ce sont les feuilles de marijuana sur le t-shirt qui avaient été jugées problématiques.

Selon Anthony Morgan, un porte-parole du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), il y a eu dans ce dossier une «association entre le fait d'être noir et la déviance».

«C'est une violation de ces droits humains, c'est discriminatoire et ça ne devrait pas avoir lieu», a-t-il ajouté.

Les agents de sécurité auraient déclaré que son maillot, arborant une image en noir et blanc de l'icône reggae accompagnée de feuilles de marijuana, n'était pas approprié pour un parc d'attractions à vocation familiale, selon Brunaud Moïse.

«La fardeau de la preuve repose sur Six Flags (l'entreprise propriétaire de La Ronde) qui doit expliquer à moi, à la famille Marley et aux fans de Bob Marley à travers le monde en quoi ce t-shirt a été jugé inapproprié pour des familles normales», a déclaré Brunaud Moïse dans un communiqué.

«Ce n'est pas l'image de Bob Marley qui est remise en question ici, s'est défendu le porte-parole de La Ronde, Martin Roy. Ce sont les dizaines de feuilles de marijuana sur le gilet qui ont été jugées inappropriées pour les familles».

Le porte-parole n'a pas voulu commenter les accusations de discrimination, mais a indiqué que l'un des agents de sécurité impliqués dans l'incident était noir.

La Ronde affirme sur son site internet qu'elle applique un code vestimentaire strict dans le parc d'attractions. Ce règlement interdit notamment les vêtements arborant une image ou un langage grossier, vulgaire ou offensant.

Ce ne serait pas la première fois que des employés du parc demandaient à des visiteurs de retirer un vêtement parce qu'il violait un règlement, a affirmé Martin Roy.

«Normalement, les visiteurs collaborent et acceptent les solutions qui leur sont proposées», a-t-il soutenu.

M. Moïse, un technologue médical de Montréal, s'était aussi plié aux demandes des agents et avait retourné son maillot.

«Il s'est senti humilié devant son petit frère, il s'est dit que la lutte n'en valait pas le coup», a commenté Anthony Morgan du CRARR.

«Il a simplement décidé de se rendre à la salle de bain et de changer son t-shirt».

Mais après avec effectué le changement, Brunaud Moïse a porté plainte verbalement à un superviseur, puis a quitté le parc avec son frère âgé de 15 ans.

Selon lui, l'attitude des agents de sécurité a violé sa liberté d'expression.

«Aujourd'hui c'est Bob Marley, mais demain ca pourrait être Malcolm X», a plaidé l'homme.

Il souhaite obtenir des dommages-intérêts, le remboursement de ses deux billets d'entrée et des excuses publiques pour lui, son jeune frère ainsi que la famille de Bob Marley.