Tab Benoit revient au Québec avec son quinzième disque sous le bras: Night Train to Nashville. Swamp blues, country, cajun, le guitariste et chanteur de Baton-Rouge, en Louisiane, est aussi un militant engagé dans la cause environnementale qui a pour nom Voice of the Wetlands, dont il est le président. Politique ou musique: même combat.

Le «tour bus» vient de chevaucher le lac Pontchartrain pour mettre le cap vers le nord. La communication est intermittente, mais quand les mots de Tab Benoit sont audibles, le twang de son accent frappe fort et porte haut, et son propos est convaincant: on n'oserait pas le contredire.

Le mois dernier, Benoit et Dr. John étaient interviewés par Anderson Cooper de CNN à propos du concert-bénéfice mis sur pied pour tous les citoyens touchés par le pétrole de BP.

«Bien sûr, la fuite de pétrole n'est pas colmatée, fait remarquer Benoit et c'est très difficile de savoir qui dit la vérité dans tout ce bourbier. Les habitants du Golfe aiment les Wetlands, les pêcheurs en dépendent et veulent préserver ces écosystèmes. Mais ce n'est pas encore la catastrophe, il y a moyen de manger une écrevisse ces jours-ci!»

Avant même Katrina, la communauté riveraine de la Louisiane s'était mobilisée pour se donner une voix auprès des politiciens et des industries locales. Cet organisme a pour nom Voice of the Wetlands et Tab Benoit en est le président. Militant, mobilisateur, mais aussi musicien rassembleur.

«Il y a une distinction à faire entre Voice of the Wetlands, le collectif musical, et l'organisation, mais nous collaborons ensemble. Il est clair qu'il faut exprimer nos opinions et notre mécontentement, mais surtout suivre scrupuleusement chacune des actions des industries riveraines et des prises de position de ceux qui nous gouvernent. Mieux vaut être proactif, poursuit-il, parce que la réalité est toujours un peu trafiquée.»

Faire la fête

En plus de son spectacle en trio (le 15 juillet, à 19h), le musicien de 43 ans prendra sa place au sein de Voice of the Wetlands un peu plus tard en soirée. Waylon Thibodeaux, Jumpin' Johnny Sansone, Big Chief Monk Boudreau, Cyril Neville et quelques autres, mais hélas pas Dr. John et Marcia Ball, se joindront à lui pour une soirée unique de musiques joyeuses et fédératrices, question d'exorciser la bête. Un peu de vaudou avec ça?

«Nous avons enregistré un nouveau disque, annonce Tab Benoit, mais aucun label ne s'est manifesté pour l'instant. Les compagnies de disques trouvent que notre musique est nichée dans un harder market. Le seul album disponible sur le marché est un premier éponyme paru en 2005 sous étiquette Telarc, et nous avons payé nous-mêmes tous les coûts!

«Il n'y a rien de planifié musicalement, on improvise selon le moment, et c'est un peu à l'image du gouvernement et des entreprises impliquées dans ce désastre écologique, nous sommes à la merci de leurs improvisations...» Cela n'est pas habituel, concède-t-il. «La musique qu'on entend de nos jours est tellement calculée, planifiée, répétée avant l'étape du studio, nous préférons revenir au bon vieux feu de camp, spontané et sans a priori.»

Un nom de famille pareil suscite la curiosité. Il parle français, le Tab? «Mes grands-parents ne parlaient que le français lorsque j'étais plus jeune, mais c'était mal perçu chez ceux de ma génération, surtout que les employeurs du coin exigaient l'anglais en tout temps. Quand la messe catholique a commencé à être célébrée en anglais, ç'a été le début de la fin.»

Tab Benoit, en spectacle le 15 juillet, à 19h et 20h30, sur la scène Volkwagen. Infos: www.tremblantblues.com