La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, est prête à sauver le patrimoine religieux et culturel de l'Église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, à condition que les citoyens qui veulent éviter sa disparition présentent un «projet de recyclage» en bonne et due forme et que la Ville de Montréal fasse sa part.

La grande église de l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM) a été fermée en avril 2009 par l'archevêché. Le comité de sauvegarde qui veut la préserver ne peut obtenir d'aide dans le cadre du Fonds du patrimoine religieux car le lieu de culte doit être en activité pour s'en prévaloir. Si rien n'est fait d'ici le 1er juillet, l'archevêché vendra les grandes orgues Casavant et démolira l'église. Il n'a plus les moyens de payer les 100 000 $ d'entretien annuel.

Le comité n'a pas encore déposé de projet de reconversion au MCCCF. «Ce n'est pas au Ministère de trouver une vocation, a dit la ministre à La Presse, hier. Le comité peut demander que l'église soit citée (au patrimoine). Elle pourra alors se prévaloir du Fonds du patrimoine culturel. Mais il faut savoir quelle sera sa vocation. Des fonds d'urgence, je n'en ai pas pour ça.»

À propos des orgues, la ministre dit que «c'est aux autorités religieuses de s'expliquer» quant à leur avenir. «Il y a 63 orgues classés au Québec, dont 28 de la maison Casavant, dit-elle. Depuis 1995, 225 millions ont été investis par le gouvernement du Québec dans le patrimoine religieux, alors on n'est pas buté! On continue d'investir. Il n'y a pas un autre endroit en Amérique où l'on investit autant pour le patrimoine religieux.»

Le maire de MHM, Réal Ménard, dit qu'on pourrait placer dans cette église 14 organismes communautaires auparavant logés dans l'ancienne bibliothèque de Montréal, rue Sherbrooke. «Ce pourrait être une idée intéressante, réagit la ministre, mais ils se réunissent depuis un an et n'ont jamais accouché d'un projet. Et la municipalité doit s'engager à mettre des sous car le gouvernement ne s'engage jamais à 100%.»

M. Ménard est déçu. Il veut un fonds d'urgence de 500 000 $ et un moratoire pour éloigner la menace de vente des orgues à Toronto ou à des Chinois. Il ne comprend pas pourquoi la ministre, avec les pouvoirs qu'elle a, ne prend pas les moyens d'empêcher le départ des orgues à l'extérieur du Québec, comme cela arrive lorsqu'un État veut protéger son patrimoine.

La ville centre se préoccupe du dossier, mais il faudra que l'arrondissement de MHM (contrôlé par Vision Montréal) «fasse son bout», nous dit-on. La solution temporaire pourrait être de faire en sorte que le chauffage de l'église, l'hiver prochain, soit payé par l'arrondissement, la ville centre et Québec, ce qui permettrait, dans l'attente d'un plan de reconversion, de sauver l'église et les orgues.