La galerie parisienne Anatome, haut lieu du graphisme contemporain en Europe, rendra hommage à deux firmes montréalaises de design graphique, Paprika et Seripop, en exposant leurs réalisations du 7 mai au 24 juillet. L'exposition Paprika-Seripop. Un regard graphique sur Montréal est une reconnaissance du style montréalais et la première grande rétrospective de deux artisans du design graphique canadien en Europe.

L'initiative émane de Guillaume Frauly, président de la galerie, qui a passé quatre mois à Montréal l'an dernier lors d'un de ses «voyages graphiques». Après avoir visité une quinzaine de studios de graphisme, il a retenu Paprika et Seripop. «Ils représentaient cet équilibre entre une influence nord-américaine née de la géographie et cette incroyable résistance, cette volonté de s'affirmer comme peuple québécois», dit-il de Paris.

Paprika et Seripop ont été choisis, l'un pour son élégance, l'autre pour son côté «ovniesque», avec ses dessins surréalistes ou psychédéliques.

Duos de passionnés

Paprika a été fondée il y a près de 20 ans. Seripop, en 2002. Paprika fait beaucoup d'institutionnel et a d'importants clients: Ford, Birks, Boralex, des musées. Seripop fait affaire à 95 % avec le milieu musical, a réalisé des expos et franchi les frontières. Dans les deux cas, on a affaire à deux duos de passionnés qui illustrent bien, selon M. Frauly, la singularité du design montréalais.

Fondé par Louis Gagnon et Joanne Lefebvre, Paprika a reçu plus de 400 prix d'excellence dans le monde. La firme a créé des produits marquants, de bon goût et résolument modernes: des affiches, des logos, des rapports annuels flyés comme celui de Cascades, fait dans un carton utilisé pour faire accoucher les truies (eh oui!), ou celui de Boralex, avec ses feuilles placées dans tous les sens comme si le vent s'était pris dans les bilans financiers.

«La qualité de nos designs intrigue les Européens», dit Joanne Lefebvre. «Paprika, c'est toujours très léché, extrêmement poussé», ajoute M. Frauly. En France, le graphisme est souvent très standardisé, selon Louis Gagnon. «D'une boîte à l'autre, on ne sent pas vraiment la différence, dit-il. Ici, on ose plus et on va mettre beaucoup d'énergie sur un projet, quel qu'il soit.»

Seripop est la création des sérigraphes et artistes Yannick Desranleau et Chloe Lum, jeunes dans la trentaine au talent fou. «C'est aussi le côté bohème, latin et identitaire de Montréal», dit Guillaume Frauly. «On est plus dans l'exploratoire que Paprika, dit Yannick Desranleau, mais on reste informés des tendances. On a été dans l'underground, mais on évolue vers l'overground! On veut travailler pour des clients des deux mondes!»

Le design à Montréal

Le vernissage de jeudi au 38, rue Sedaine, dans le 11e arrondissement, est une des manifestations printanières du design à Paris. Pour Louis Gagnon, cette double exposition illustre l'évolution du design à Montréal. «Le design, on le voit partout, dit-il. Il y a 20 ans, les entreprises se sont rendu compte que le branding était important. Quand on dépense un dollar en design, il rapporte. Aujourd'hui, même l'immobilier, les dentistes et les cimetières veulent du design!»

Si le maire Gérald Tremblay a répété à satiété dans les dernières années que la métropole est une ville de design, cela a été rassembleur, dit Louis Gagnon. «On est maintenant conscients qu'il y a énormément de talent au Québec, ajoute Joanne Lefebvre. On a une réputation.»

________________________________________________________________________________________________________

Paprika-Seripop. Un regard graphique sur Montréal. Du 7 mai au 24 juillet 2010. Galerie Anatome. 38, rue Sedaine 75011, Paris. contact@galerie-anatome.com, www.paprika.com, www.seripop.com