Les tout-petits ont été épargnés. L'entrée en vigueur du nouveau Fonds des médias du Canada, qui financera désormais les productions télévisuelles, ne touchera pas le nombre et la qualité des émissions jeunesse qui seront diffusées l'automne prochain.

Alors que certains producteurs de séries de fiction ou de documentaires craignent que les émissions originales soient moins nombreuses au petit écran en septembre en raison des nouvelles règles de fonctionnement du Fonds, les artisans de l'univers télévisuel des enfants sont plutôt confiants.

 

«Cette année, les émissions jeunesse s'en sortent correctement, estime la présidente-directrice générale de Télé-Québec, Michèle Fortin. En septembre, il y aura autant d'émissions jeunesse (à notre antenne) que d'habitude.»

Les petits pourront donc continuer à suivre les aventures des héros de Toc toc toc ou de Cornemuse. Ce qui réjouit Mme Fortin: en vertu des nouvelles règles qui régissent le Fonds des médias du Canada, 17% de l'enveloppe francophone - un total d'environ 116,6 millions de dollars pour les productions en français de tous les genres - seront dorénavant consacrés aux émissions pour enfants. Cette proportion était auparavant de 14,9%.

«Ça protège les productions pour enfants à un niveau plus important», estime la grande patronne de Télé-Québec.

«Avec le 17%, on va en brasser, des affaires», ajoute Carmen Bourassa, conceptrice et productrice de nombreuses émissions destinées aux tout-petits comme Cornemuse, Toc toc toc et Passe-Partout.

Autre victoire: le fait qu'une mère de famille qui regarde Le club des doigts croisés avec ses enfants compte pour une personne à part entière dans le calcul des auditoires. Auparavant, un adulte qui regardait une émission pour enfants comptait pour... un demi-téléspectateur. Cette méthode était problématique pour les producteurs de télé jeunesse puisque, avec l'entrée en vigueur du nouveau fonds, les cotes d'écoute font partie des critères pour obtenir du financement.

«Plus le succès de l'auditoire va prendre de l'importance, plus cette modification va être bénéfique», souligne Caroline Fortier, directrice exécutive de l'Alliance pour l'enfant et la télévision.

Des craintes

Par ailleurs, malgré ces bonnes nouvelles, certaines craintes persistent. «On ne sait pas vraiment quelles seront les conséquences (de la mise en place de ce nouveau programme), rappelle Michèle Fortin. C'est vraiment une année de transition.»

Pour sa part, Carmen Bourassa s'inquiète de la nouvelle règle qui oblige les diffuseurs à utiliser 50% de leur enveloppe pour financer des projets télévisuels qui comportent des composantes web ou mobiles. Ces sommes consacrées à l'internet feront en sorte que moins d'argent sera consacré au petit écran. «J'espère que ça ne viendra pas affaiblir la télévision», mentionne Mme Bourassa.