Le comédien et humoriste Patrick Huard est pressenti pour jouer le rôle principal dans un tout nouveau film intitulé Au paradis des bas perdus, a appris La Presse.

Ce projet de long métrage signé Christian Laurence, qui en est encore à l'étape du financement, sera déposé demain auprès de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC).

Une histoire de famille. Voilà ce que racontera le film scénarisé par Isabelle Hébert, qui avait auparavant écrit Maman est chez le coiffeur, le long métrage de Léa Pool. Et le scénario a vraisemblablement séduit Patrick Huard. «J'ai rencontré Christian la semaine dernière et ça a vraiment bien cliqué», a mentionné hier le comédien, rencontré à Saint-Sauveur, dans le cadre de Ciné-Québec - un événement annuel réunissant des distributeurs de films, des exploitants de salles et plusieurs représentants de l'industrie cinématographique.

Ainsi, après avoir réalisé Les 3 p'tits cochons et plus récemment Filière 13, Patrick Huard pourrait donc être de retour devant la caméra. Comme acteur, son dernier film remonte à 2008 (Cadavres). En 2010, il apparaîtra dans Funkytown

de Daniel Roby.

Interrogé au sujet de ce nouveau projet, Christian Laurence a, pour sa part, refusé de donner davantage de détails. C'est qu'Au paradis des bas perdus n'a toujours pas obtenu le feu vert des principaux bailleurs de fonds: la SODEC et Téléfilm Canada.

«On en est à notre premier dépôt, on verra», a souligné le réalisateur qui s'affaire à mettre le point final à son plus récent projet, Le journal d'Aurélie Laflamme.

D'ailleurs, la question du financement des films, sujet qui revient régulièrement sur le tapis, était au coeur des discussions hier à Ciné-Québec à l'occasion de la présentation des longs métrages québécois qui sortiront en salle cette année. Le journal d'Aurélie Laflamme, À l'origine d'un cri, Piché : entre ciel et terre, Demande à ceux qui restent, Cent milliards de neurones, Filière 13, A Short History of Progress, Le baiser du barbu, L'enfant prodige et Les sept jours du talion comptent parmi les films - distribués par TVA Films et Alliance Vivafilm - qui prendront l'affiche en 2010.

Lors de l'événement, plusieurs producteurs, réalisateurs et acteurs présents disaient entrevoir l'avenir du cinéma québécois avec inquiétude.

«On ne pourra pas tenir longtemps comme ça, a affirmé hier Roger Frappier, producteur du film À l'origine d'un cri, réalisé par Robin Aubert. On a moins de moyens maintenant pour faire des films qu'il y a 10 ans. On est obligé de présenter les films avec des tarifs minimums pour les techniciens et les comédiens si on veut entrer dans notre budget, ajoute-t-il. On met moins d'effets spéciaux, on met moins d'argent dans la musique. Donc à un moment donné, on va être moins compétitifs sur le plan international», croit-il.

Luc Vandal, coproducteur d'À l'origine d'un cri, abonde en son sens. «C'est difficile parce que les scénarios sont de plus en plus complexes, mais les sources d'argent sont limitées.»

Il se désole d'ailleurs d'être obligé parfois de devoir couper certaines scènes, faute d'argent. Tôt ou tard, soutient-il, les réalisateurs pourraient être contraints à se passer des services de têtes d'affiche pour incarner les personnages, car les budgets ne permettront pas de les payer suffisamment.

Également présent à Ciné-Québec, Yves Pelletier, qui vient de terminer le tournage de son film Le baiser du barbu a du mal à comprendre pourquoi cette situation persiste. Il se rappelle qu'il y a 15 ans, on justifiait le manque de moyens par le fait que le public n'était pas au rendez-vous. Or, il souligne que maintenant, les Québécois vont voir les films réalisés ici.

Par ailleurs, pour remédier aux problèmes de financement, Roger Frappier et Luc Vandal sont convaincus que le Québec doit se tourner vers la coproduction avec l'étranger. Il s'agirait là d'une bonne façon de partager les coûts. Un point de vue partagé notamment par le président de la SODEC, François Macerola, et la présidente de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ), Claire Samson.