Créer un site internet et un blogue au nom de Guy Laliberté alors que ce dernier n'y est aucunement lié, ce n'est pas de l'information. C'est une ingérence dans la vie privée de Guy Laliberté et une supposition de sa personne, a tranché la Cour supérieure.

Dans cet esprit, la juge Marie-Christine Laberge a rendu récemment l'injonction interlocutoire que demandait Guy Laliberté et a ordonné à Transit Éditeur, Pierre Turgeon et Ian Halperin, qui ont publié la biographie non autorisée de Guy Laliberté, de désactiver trois sites, d'ici à ce qu'une décision sur le fond soit rendue. Outre la désactivation définitive des sites, Laliberté réclame un million et demi de dollars en dommages.

Créés en 2009, les sites en question, MySpace.com/guylaliberté, MySpace.com/bioguylalibertébook et guylaliberté.blogspot.com, visaient à promouvoir la vente de la biographie non autorisée de Guy Laliberté, écrite par Halperin et publiée par Transit Éditeur, maison fondée par Pierre Turgeon.

Les sites étaient accessibles en tapant simplement le nom de Guy Laliberté. Sous la photo de Laliberté, il y avait un lien indiquant qu'on pouvait lui adresser des messages et s'ajouter à ses amis. Ainsi, par le truchement de ces sites, le Laliberté virtuel comptait 910 amis en juillet dernier. Il a reçu des centaines de messages, et quelqu'un a répondu en son nom. On invitait aussi l'internaute à jouer au poker avec Laliberté, reconnu pour être un passionné de ce jeu.

Dans cette affaire, Transit alléguait être dans son droit au nom de la liberté d'expression et du droit du public à l'information. La juge a balayé ces arguments. «Ce dont il s'agit ici, c'est de la mise en marché d'un produit, un livre, par un moyen de publicité, l'internet. Ce droit n'est pas garanti par la Charte.»

La magistrate concède que Transit peut continuer à faire la promotion de son livre, qui porte le nom de Laliberté, mais elle devra trouver un autre moyen. «Ce qui constitue la confusion doit cesser. C'est le fait de faire ouvrir les pages internet par le nom du demandeur, de s'inscrire comme ami, et d'échanger des messages avec le demandeur qui sont des éléments à bannir», signale la juge dans sa décision, rendue juste avant Noël.

Me Pierre Olivier Laporte, qui représente Guy Laliberté, a indiqué hier qu'un suivi était fait pour vérifier la fermeture des sites. En ce qui concerne le blogue, Transit avait elle-même offert de le désactiver. Rappelons enfin que le Cirque du Soleil a également entamé des poursuites contre Transit, l'été dernier, pour certains passages du livre et pour l'utilisation d'une photo en page couverture.