De Paris à Ottawa, en passant par Québec, Caen et Lyon, Simon Brault n'en revient pas. L'auteur de l'essai Le facteur C - L'avenir passe par la culture doit refuser des invitations tant le modèle québécois intéresse les acteurs du développement culturel.

Dans ce premier essai, le directeur de l'École nationale de théâtre écrit qu'il faut encourager la rencontre entre public et artistes, entre l'art public et les loisirs culturels des citoyens.

Au moment où les Français s'enlisent dans le débat identitaire et où les gouvernements d'ici font face à de nouveaux déficits budgétaires, la thèse de Simon Brault sur cette «participation culturelle» et les avancées du Québec en matière de «culture pour tous» font l'envie de plusieurs.

«On est un exemple au monde où l'on est en train d'installer des mécanismes pour désamorcer ces crises-là. C'est ce que je sens quand je me promène ailleurs», a-t-il déclaré à La Presse.

Le président de Culture Montréal estime que le Québec est à l'avant-garde pour trois raisons: une organisation culturelle mêlant l'humanisme français au pragmatisme anglais; une vie culturelle fondée sur des institutions de taille moyenne qui participent aux débats; et une société civile organisée, en dehors des lobbies syndicaux ou d'affaires.

«Au Canada anglais (où son livre sera bientôt traduit, NDLR), la société civile, en culture, c'est surtout une poignée de gens d'affaires qui jouent un rôle important dans les conseils d'administration. Si l'on ne s'en tenait qu'à ça, sans un programme qui vient des citoyens, on n'assisterait qu'à des rapports de force dans les débats sur l'avenir de la culture.»

Pendant ce temps, en France, explique-t-il, le poids du passé et du patrimoine est extrêmement lourd dans les budgets culturels. La réflexion tourne autour des équipements culturels et de l'accès à ces équipements, notamment depuis l'arrivée de l'internet.

«Le débat qu'il y a en France en ce moment, après 50 ans d'une politique culturelle dictée par Malraux, est de se demander si la démocratisation de la culture ne fut pas un échec. On estime qu'à peine 30 % des Français tirent profit de la politique culturelle.»

Le taux de fréquentation culturelle est à peu près le même ici, «mais au Québec, poursuit-il, on a bien réagi aux exigences de la mondialisation et de la révolution technologique. On a une capacité d'adaptation, de résilience et de réaction plus rapide. «

L'une des solutions, selon l'auteur, passe par la pratique artistique amateur et l'éducation.

«En France, l'éducation artistique est en déclin. La séparation est très marquée entre éducation et culture. Ce sont deux choses qui ne se touchent pas. Ici, les passerelles entre les deux ministères (Culture et Éducation) restent trop timides. Il faut aller plus loin.»