Il vient de Calabre. Il a 40 ans mais se présente comme un «artiste émergent». Il chante, il joue au théâtre, il est acteur de cinéma. Et il vient à Montréal pour la première fois, à l'invitation de notre Marco Calliari. Entretien avec Peppe Voltarelli, le «stéréotype italien».

LA PRESSE - Peppe, on ne vous connaît pas du tout par ici. Présentez-vous.

PEPPE VOLTARELLI - Je suis un jeune acteur, écrivain et chanteur émergent du bassin méditerranéen qui veut jouer de l'autre côté de l'océan Atlantique. Je fais de la musique pour divertir et j'essaie de chanter sans les mots en me servant d'onomatopées pour exprimer des émotions universelles.

Q - Vous avez quand même quelques textes. De quoi parlent vos chansons?

R - De la diaspora italienne. De la façon italienne de faire les choses, de désastres environnementaux en Calabre. Mais pas vraiment de l'amour. Je préfère l'ironie. C'est plus facile de dire les choses difficiles et importantes.

Q - On dit que vous incarnez sur scène le stéréotype italien. Expliquez-nous...

R - Disons que j'essaie de blaguer avec ça. Tous ces clichés italiens, vous savez. Dans le geste, la parole, la démarche et bien sûr, la façon de regarder les femmes. Ma moustache va dans le même sens. C'est un autre archétype italien que je cultive!

Q - En plus de vos chansons, vous venez présenter un film dans lequel vous jouez: La vera leggenda di Tony Vilar (La vraie légende de Tony Vilar). De quoi ça parle?

R - C'est un faux documentaire sur un vrai chanteur de charme italien, exilé en Argentine, dont on avait perdu la trace. Tony Vilar a connu un grand succès en Amérique latine dans les années 60, avec la chanson Cuando calienta el sol. On a fini par le retrouver. Il a aujourd'hui 70 ans et il vend des voitures d'occasion. Son destin est un peu triste mais le film lui a redonné du lustre. C'était aussi une façon de mieux connaître les communautés italiennes de New York et Buenos Aires qui sont, soit dit en passant, très différentes. En Argentine, ils sont restés plus proches de leurs racines européennes.

Q - Et en Italie, pour vous, comment ça se passe?

R - Je chante depuis le début des années 90. J'ai mon public et il est fidèle. Mais je reste underground. La situation culturelle est difficile. Il n'y a pas de mouvement. Les institutions investissent peu. Ce n'est pas dans les mentalités. C'est pourquoi il faut aller voir en dehors du pays, pour trouver de nouveaux marchés. D'où ma première visite à Montréal. Qui sait? Peut-être qu'en revenant de chez vous, j'écrirai des chansons d'amour!

Peppe Voltarelli se produit demain au Lion d'or, avec Marco Calliari, dans le cadre du Coup de coeur francophone. Présentation du film La vera leggenda di Tony Vilar à 19h.