La forte présence au Mexique d'artistes québécois, qui occupaient cette année l'avant-scène du 37e festival Cervantino de Guanajuato en tant qu'invités d'honneur, a visiblement porté ses fruits en permettant aux musiciens, DJ, danseurs et acteurs d'ici de partir à la conquête d'un nouveau marché.

À preuve, à la suite de sa première participation à cette manifestation d'arts multidisciplinaires considérée comme l'une des plus prestigieuses au Mexique et même de toute l'Amérique latine, Mutek - organisme qui se consacre à la diffusion et à la création numérique sonore, musicale et visuelle - vient de signer une entente de collaboration avec les organisateurs du Cervantino.

Résultat de cette entente: Mutek, qui présentait cette année trois spectacles de musique électronique et deux installations, est assuré d'une participation au festival au cours des prochaines années. Impossible par contre pour le moment de connaître le nombre de spectacles que Mutek présentera ni combien de temps durera cette entente.

«Cette entente vient renforcer la présence de Mutek en Amérique latine où l'organisme est actif depuis plusieurs années, avec notamment des présentations du festival en Argentine, au Chili et au Mexique, peut-on lire dans un communiqué envoyé la semaine dernière. Mutek a toutes les raisons de se réjouir de la portée de cette reconnaissance puisque le Cervantino vient de signer une entente de collaboration similaire avec le prestigieux Festival international d'Édimbourg, une autre manifestation-phare sur la scène internationale.»

«Pour nous, c'est un autre niveau de reconnaissance», a mentionné, enthousiaste, la coordonnatrice du développement de Mutek, Taïca Replansky.

Le Cirque Éloize, l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), la troupe de Robert Lepage, Ex-Machina, le Théâtre sans fil, le Caroussel et O Vertigo figuraient également à la programmation du festival qui s'est tenu du 14 octobre au 1er novembre.

Le Cirque Éloize semble avoir de son côté conquis le public. Pendant trois jours, la troupe a en effet présenté son spectacle Nebbia à guichets fermés. Fort de son succès en sol mexicain, la troupe sera de retour dans ce pays en mai 2010 où elle entreprendra une tournée de plusieurs villes avec son spectacle Rain.

L'OSM, qui a donné le concert d'ouverture du Cervantino, estime également être sorti gagnant de cette expérience. «La porte du festival nous est ouverte, affirme la chef de la direction de l'OSM, Madeleine Careau. On nous a invités à y retourner. Pour le moment, les impacts à la suite de notre participation sont difficiles à mesurer, mais c'est un pas de fait vers un continent duquel on veut se rapprocher.»

Mission accomplie

Pour sa part, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, présente à Guanajuato lors de l'ouverture du festival, estime que l'objectif de départ, qui visait à donner une visibilité aux artistes québécois, a été atteint. «C'est bien beau d'être invité d'honneur, mais il faut que l'investissement rapporte», a-t-elle mentionné au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse. Québec a versé 880 000 $ en soutien aux artistes qui ont participé au festival Cervantino.

Au cours d'une rencontre, le délégué du Québec à Mexico, Marcel Gaudreau, a fait part à la ministre de «l'importante couverture médiatique dont le Québec a bénéficié à Guanajuato».

«En termes de répercutions médiatiques, c'est excellent», a estimé Mme St-Pierre.

De plus, des projets artistiques entre la Belle Province et le Mexique sont déjà sur la table. Par exemple, une dizaine d'écrivains mexicains participeront au Salon du livre de Québec au printemps. C'est d'ailleurs le Mexique qui sera l'invité d'honneur de la manifestation.

 

Rivera-Kahlo à Québec

Le projet d'exposition réunissant les oeuvres du célèbre couple formé par le muraliste Diego Rivera et la peintre Frida Kahlo que souhaite concrétiser la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, dans la foulée de la participation québécoise au 37e festival Cervantino, pourrait être présenté au Musée national des beaux-arts du Québec. Mme St-Pierre a en effet demandé à la directrice générale du musée, Esther Trépanier, qui connaît bien l'art mexicain, de préparer un plan d'évaluation des coûts pour la réalisation d'une telle exposition.