Comment les enfants-vedettes réagissent-ils à leur carrièr? Il y a 10 ans, Lisa Rapport, psychologue de l'Université Wayne, à Detroit, a publié une étude pour répondre à cette question. Ses résultats ont secoué le milieu artistique.

«La réception a été tellement forte que des programmes fabuleux ont été mis sur pied pour aider les jeunes acteurs de télévision et de cinéma. Ça a complètement changé la donne», affirme l'auteure.

L'étude a montré que les jeunes acteurs américains risquent 100 fois plus, plus tard, d'avoir des problèmes de drogue, et trois fois plus d'avoir des problèmes d'alcool. Près de la moitié d'entre eux avaient des problèmes avec leur mère, surtout si elle avait géré leur carrière. Leurs revenus atteignaient un sommet au début de l'adolescence, et la plupart d'entre eux ne parvenaient plus à poursuivre une carrière satisfaisante à l'âge adulte. Les jeunes acteurs de soutien de la télévision avaient la vie particulièrement dure parce qu'ils devaient multiplier les auditions, ce qui minait leur amour-propre. Les données ont été recueillies auprès de 74 ex-enfants-vedettes dont la carrière a duré en moyenne sept ans.

L'identité de ces enfants n'est pas connue, mais les frasques des jeunes stars dont se régalent les magazines à potins permettent de bien imaginer leurs tourments. Révélée par E.T. à l'âge de 7 ans, Drew Barrymore a connu des problèmes d'alcool et de drogue à la fin des années 80 et a tenté de se suicider. Sa carrière a toutefois depuis rebondi et elle est au sommet.

Edward Furlong (le petit garçon si mignon de Terminator 2) a aussi eu des problèmes de toxicomanie qui sont allés jusqu'à la surdose en 2001, avant qu'il ne milite pour les droits des animaux.

Moins chanceux, des jeunes comme Jonathan Brandis (des films The Neverending Story II et It, inspiré d'un roman de Stephen King) et Joseph Pichler (The Fan, Beethoven 3 et 4) se sont suicidés en 2003 et en 2006.

«Les enfants-vedettes sont constamment soumis au regard des autres, à la perception que le public a d'eux, ce qui complique le processus de formation de l'identité», explique Mme Rapport.

«Les jeunes qui avaient une relation insatisfaisante avec leurs parents étaient très vulnérables aux revers de carrière, alors que ceux dont les parents les soutenaient bien sur le plan émotionnel s'en sortaient, ajoute la psychologue. Nous recommandions que les studios et les agents fournissent de l'aide pour préserver le rapport parent-enfant. Fort heureusement, ils ont répondu à l'appel.»

L'un de ces programmes, Looking Ahead, est géré par le Actor's Fund of America. Il propose chaque semaine une demi-douzaine d'activités aux enfants acteurs et à leurs parents, de l'aide aux examens jusqu'au réseautage. «Ce qui sautait aux yeux était l'isolement des enfants-vedettes, dit Mme Rapport. La plupart de leurs «amis» étaient des adultes. Les adolescents qui ont beaucoup d'amis vivent mieux le stress. Mais ce n'était pas le cas des enfants de notre étude, qui ne parvenaient pas à tirer le soutien nécessaire de leurs amitiés avec des adultes. Les adolescents s'investissent beaucoup plus dans leurs amitiés que les adultes. De plus, le groupe d'amis est essentiel pour former son identité.»

Une autre organisation, Minor Consideration, milite de manière indépendante pour les droits des enfants acteurs. Elle est notamment responsable d'une loi californienne qui impose la présence d'une infirmière et d'une travailleuse sociale pour chaque groupe de trois bébés de moins de 6 semaines sur les plateaux qui en emploient beaucoup. Plus récemment, l'organisme a décrié les photos et chorégraphies suggestives de Miley Cyrus, la vedette de l'émission de télévision Hannah Montana.

«Nous existons depuis 1990, mais l'étude de Lisa Rapport nous a vraiment permis d'avoir du financement», explique le fondateur de Minor Consideration, Paul Petersen, qui a joué, enfant, dans l'émission de télévision The Mickey Mouse Club et, adolescent, dans The Donna Reed Show. Il a publié en 1977 une autobiographie critique, Walt, Mickey and Me. «Maintenant, on sait que les enfants qui travaillent sur les plateaux de tournage ont besoin d'aide.»