Plusieurs artistes français ont pris dimanche la défense d'un rappeur controversé, Orelsan, qui a été déprogrammé du festival des Francofolies de La Rochelle (ouest), voyant dans cette mesure un danger pour la liberté d'expression.

Le rappeur de 26 ans fait l'objet depuis fin mars d'une polémique née du clip d'une ancienne chanson, «Sale pute», qu'il n'interprète plus sur scène et qui ne figure pas dans son album. Des associations voient dans ses textes une apologie de la violence envers les femmes, ce dont il se défend. Début juillet, son entourage a annoncé qu'il avait été déprogrammé des Francofolies, où il aurait dû se produire mardi. Le festival a nié avoir fait l'objet de pressions de la part d'associations ou de personnalités politiques.

Le chanteur du groupe Tryo, Christophe Mali, présent à La Rochelle, s'est dit dimanche «complètement contre l'annulation» du concert du rappeur, soulignant qu'il ne «soutient absolument pas la chanson» «Sale pute», mais qu'il s'agit «d'une question de principe».

Olivia Ruiz a ouvert son concert samedi soir en le dédiant à «celui qui n'est pas là, monsieur Orelsan».

Dans une lettre rendue publique par la maison de disques du rappeur, le chanteur Cali a dénoncé un «acharnement insupportable sur Orelsan». Selon lui, le festival «se discrédite totalement» en déprogrammant le jeune rappeur, ce qui «risque de provoquer (...) des autocensures très peu propices à la création».

Un autre chanteur, Dominique A, a jugé «lamentable» la déprogrammation d'Orelsan. «C'est de la censure déguisée», a-t-il déclaré.

Le fondateur des Francofolies, Jean-Louis Foulquier, a accusé Ségolène Royal, présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, dont fait partie La Rochelle, de s'être «positionnée en maître-chanteuse» en menaçant les programmateurs de leur couper les subventions si le rappeur était présent.

Début juin, l'album d'Orelsan «Perdu d'avance» a été retiré des bibliothèques publiques de Paris en raison, selon la mairie, de «textes qui insultent les homosexuels et glorifient la violence faite aux femmes».

Cette décision avait provoqué une protestation de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), qui avait dénoncé une «censure».