Guerre ouverte entre la SRC et Quebecor. Le président-directeur général de Radio-Canada, Hubert T. Lacroix accuse le grand patron de Quebecor, Pierre Karl Péladeau de vouloir ternir la réputation de la société d'État «au profit de son empire».

Visiblement mécontent des propos tenus par le président et chef de direction de Quebecor dans une lettre publiée lundi dans Le Devoir, M. Lacroix ne mâche pas ses mots à l'égard de Pierre Karl Péladeau. Dans un commentaire paru aujourd'hui dans les pages du même quotidien, le PDG de Radio-Canada a tenu à défendre l'intégrité de la SRC.

Ainsi, en début de semaine M. Péladeau a dénoncé le manque de transparence de Radio-Canada, tout en l'accusant de refuser de se soumettre à la Loi sur l'accès à l'information. Alors qu'un mouvement s'organise pour sauver la société d'État, touchée par des compressions budgétaires, le dirigeant de Quebecor est d'avis que la SRC, qui reçoit des fonds publics, doit rendre des comptes en ce qui concerne l'utilisation de l'argent des contribuables.

 

«Est-ce à dire (...) que, comme citoyens et comme contribuables, nous devons accepter tout ce que fait actuellement la SRC et que celle-ci soit soustraite à tout contrôle et toute imputabilité? demande-t-il. Nous devons pouvoir recourir à des mécanismes de contrôle permettant de garantir que les fonds de la SRC sont utilisés au bénéfice de la société canadienne plutôt qu'au bénéfice personnel de partisans du statu quo du système canadien de radiodiffusion. La nécessaire imputabilité de la SRC nous amène à remettre en question les efforts déployés par celle-ci afin de se soustraire aux exigences de la Loi sur l'accès à l'information», poursuit-il plus loin.

 

Ces propos ont fait sursauter Hubert T. Lacroix. «M. Péladeau ne lit-il pas le Journal de Montréal et The Toronto Sun, ses propres journaux? interroge-t-il. Comment peut-il alors dire que nous manquons de transparence? Au cours de l'année dernière, ces quotidiens ont régulièrement imprimé de pleines pages sur les notes de frais des dirigeants de CBC/Radio-Canada, les détails de leurs salaires et de leurs primes.»

 

M. Lacroix a déclaré du même souffle qu'il estimait que plusieurs de ces articles, publiés dans les quotidiens de Quebecor, avaient pour but de dénoncer l'entreprise et les dirigeants «en les dénigrant constamment».

 

Radio-Canada a été assujettie à la Loi sur l'accès à l'information en 2007. Depuis lors, la société d'État a reçu quelque 841 demandes d'accès à l'information et de ce nombre, la majeure partie provenait de Sun Media Corporation - appartenant à Quebecor -, souligne le PDG. Ainsi, il se demande également comment réagirait Pierre Karl Péladeau si on examinait à la loupe la façon dont son entreprise dépense les fonds publics dont elle bénéficie aussi en partie.

 

«Écrire que nous dépensons des centaines de milliers de dollars pour protéger nos dirigeants qui abusent de leur pouvoir, citer hors contexte des passages de décisions de tribunaux, suggérer que nos comportements nuisent à notre mission de diffuseur national, autant d'initiatives de M. Péladeau qui n'ont pour but que de tester, d'attaquer la réputation de notre Société et de tous ses artisans au profit de son empire, ses journaux et ses chaînes de télévision», conclut-il.