Après avoir participé au lancement de TQS et présidé le conseil d'administration de Radio-Canada, l'auteur Guy Fournier, qui s'est souvent retrouvé au centre de la controverse, pourrait à nouveau occuper un poste influent dans l'univers de la télévision. Son nom circule en effet parmi ceux des candidats pressentis pour siéger en conseil d'administration du nouveau Fonds des médias, a appris La Presse.

La possible nomination de l'ex-président du CA de la SRC, qui signe actuellement des chroniques dans le Journal de Montréal, ne fait toutefois pas l'unanimité dans le milieu de la télévision.

 

Né de la fusion entre le Fonds canadien de la télévision et celui des nouveaux médias, le Fonds des médias, qui assurera le financement de projets télévisuels, entrera en vigueur en avril 2010 et le conseil d'administration sera formé le 9 juin à Banff, à l'occasion du Festival international de télévision. Le processus de sélection des membres est bien entamé.

La rumeur au sujet de la nomination de M. Fournier au sein de ce conseil, composé de sept membres, court déjà depuis quelque temps. Joint par La Presse hier, le principal intéressé a toutefois refusé de s'avancer sur la question. «Je n'ai vraiment pas de commentaire. Pas à ce stade-ci en tout cas, certainement pas. Je ne sais pas quoi vous dire. Je n'ai rien à dire», s'est-il contenté de déclarer.

Pourtant, le nom de Guy Fournier est à nouveau revenu sur le tapis mardi à l'occasion d'un déjeuner-conférence organisé par l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision, ont révélé plusieurs sources à La Presse. D'ailleurs, la présence de l'auteur à cet événement où étaient invités plusieurs représentants de l'industrie de la télévision en a surpris plus d'un, confie-t-on.

À cette occasion, il aurait été questionné à propos de son éventuelle nomination. Si M. Fournier en vient à occuper un siège à la table du CA du nouveau fonds, il pourrait bien ne pas être accueilli à bras ouverts par un certain nombre de gens qui travaillent dans le milieu télévisuel.

C'est que, selon les règles établies par le gouvernement fédéral, le conseil doit être formé de sept membres indépendants qui ne travaillent pas directement dans le domaine, ce qui exclue du coup les producteurs et les représentants des chaînes de télévision. Les membres du CA ne peuvent être des bénéficiaires potentiels du fonds afin d'éviter les conflits d'intérêts.

Parmi eux, deux sont nommés par le gouvernement et les cinq autres sont désignés par Vidéotron, Bell, Cogeco, Roger et Shaw, les câblodistributeurs qui contribuent au fonds. Chacun d'entre eux doit donc choisir un candidat qui passera ensuite «l'épreuve de l'indépendance». Selon les informations qui circulent, Vidéotron, propriété de Quebecor, aurait sélectionné Guy Fournier. Quebecor n'a pas rappelé La Presse hier à ce sujet.

Or, plusieurs considèrent que M. Fournier, notamment en raison des textes qu'il publie dans le Journal de Montréal, entretient des liens avec Quebecor qui pourraient nuire à son objectivité. Il échoue donc d'emblée au test de l'indépendance, croit-on.

«Est-ce que les candidats choisis par les câblodistributeurs vont être vraiment indépendants ou bien seront-ils mandatés par les gens qui seront nommés? s'interroge un représentant du milieu qui tient à l'anonymat. On court le risque que ces câblodistributeurs-là s'autofinancent, car ils ont tous des chaînes de télévision.»

Par ailleurs, la personnalité de M. Fournier ne fait pas l'unanimité. À l'automne 2006, il a quitté son poste de président du CA de Radio-Canada dans le tumulte. Celui-ci avait écrit dans les pages du magazine 7 Jours - propriété de Quebecor -, qu'au Liban, «la loi permet aux hommes d'avoir des relations sexuelles avec des animaux à condition qu'il s'agisse de femelles! Faire la même chose avec des bêtes mâles peut entraîner la peine de mort».

À la suite de la publication de ces faussetés, M. Fournier avait présenté ses excuses à la communauté libanaise sur le plateau de l'émission Tout le monde en parle, diffusée à Radio-Canada. Il a également déjà parlé, sur les ondes d'une radio communautaire de Toronto, du plaisir de déféquer.

L'auteur du téléroman Jamais deux sans toi, qui a déjà été président de l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision, a en revanche une bonne connaissance de l'univers télévisuel.