La Société de développement des entreprises culturelles aura bientôt à sa tête Gilles Corbeil. Ancien directeur de l'organisme, il agira à titre de président par intérim de la SODEC en remplacement de Jean-Guy Chaput, plongé dans la controverse pour ses dépenses qualifiées de somptuaires par le vérificateur général du Québec.

Le conseil d'administration de la Société avait recommandé la semaine dernière au gouvernement Charest de destituer M. Chaput.

L'annonce de l'intérim de M. Corbeil, affecté présentement à la direction du disque au sein de la SODEC, doit être faite après le prochain conseil des ministres à Québec, qui se tiendra, exceptionnellement, jeudi. Avec ce choix, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre se met à l'abri des critiques de l'opposition péquiste.

M. Corbeil avait été permanent du PQ dans les années 80 avant de prendre la direction d'Amnistie internationale, section canadienne francophone, en 1988.

Avec l'élection du PQ en 1994, on le retrouve comme chef de cabinet de Louise Beaudoin, nommée alors ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes. Il avait suivi Mme Beaudoin en 1998, quand Lucien Bouchard l'avait nommée aux Relations internationales.

La nomination d'un PDG permanent à la SODEC prendra «quelques semaines» indiquent des sources proches du dossier.

«Procès d'intention»

Visiblement encore sous le choc des révélations du vérificateur général, Jean-Guy Chaput estime pour sa part avoir été victime d'un «terrible procès d'intention».

«Je suis encore sous l'effet de surprise, a-t-il admis en marge d'un déjeuner-causerie organisé par l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision, où il assistait mardi. Ça fait 12 jours aujourd'hui que les médias parlent de moi. J'ai été surpris, parce que le rapport du vérificateur général, on le connaissait depuis la fin mars. Il n'y a rien qui s'est rajouté. Vraisemblablement, beaucoup de gens n'ont pas lu le rapport et ont simplement écouté les commentaires et là, tout cela a dégénéré complètement.»

Le rapport du vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, a été rendu public au moment où Jean-Guy Chaput était au Festival de Cannes. Quelques jours après son retour au pays, le principal intéressé a senti le besoin de se défendre. Il avait alors évoqué la possibilité de poursuivre le gouvernement si on lui montrait la porte.

Depuis, M. Chaput tente de se faire discret. Il a refusé de donner plus de détails sur ses conditions de départ et est également demeuré vague concernant ses intentions de poursuites.

M. Chaput s'est présenté mardi à Québec, accompagné de son avocat, Jacques Jeansonne pour discuter de son départ de la SODEC avec le responsable des emplois supérieurs, André Brochu. Il sait déjà qu'il aura droit à une prime de séparation de 93 000 $, comme en a décidé, vendredi, le conseil d'administration de la SODEC, à la demande de la ministre St-Pierre.