À 9 ans, Bruno Beltrão danse dans la rue, happé comme bien des jeunes Brésiliens par la culture hip-hop. À 16 ans, il fonde sa propre compagnie : Grupo de Rua de Niteroi. Quelque 10 ans plus tard, le prestigieux magazine de danse européen Ballettanz nomme Beltrão chorégraphe de l'année.

Bruno Beltrão est de ceux qui renouvellent la danse hip-hop, en la faisant notamment passer de la rue à la scène. Tout comme le Montréalais Victor Quijada et le Japonais Hiroaki Umeda, Beltrão, refuse le machisme et la surenchère de virtuosité qui règnent traditionnellement dans le hip-hop.

Son talent de chorégraphe est vite repéré: en 2003, il présente From popping to Pop or vice-versa aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint-Denis et en 2005, le chorégraphe français Jérôme Bel l'invite à participer au Festival Klapstuk, en Belgique, la crème de la crème des festivals de danse d'avant-garde. H3, qui sera présenté au FTA, fait présentement le tour de la planète, s'arrêtant non seulement au Canada, mais aussi en Angleterre (au fameux Sadler's Wells Theatre de Londres), à Rome, Singapour et Tokyo.

C'est qu'on reconnaît à Beltrão un fabuleux sens de la mise en espace. Jamais rien n'est forcé, ni maniéré, comme c'est parfois le cas lorsque certains adeptes du hip-hop tentent de le transposer sur scène. Ses chorégraphies sont, au contraire, d'une incroyable fraicheur, incorporant un flot subtil et continu de solos, de duos ou de trios, qui s'entrelacent et démultiplient les perspectives sur cet art traditionnellement présenté dans un rapport frontal.

Malgré cela, Beltrão ne renie ni l'éclat ni  l'énergie propres à la danse de rue. Sa gestuelle demeure, comme il se doit, brute, à peine esquissée, et le vocabulaire du breakdance et du hip-hop est parfaitement maîtrisé par ses danseurs, issus comme lui de la rue. Les foules s'emballent à la vue de la fusion d'une esthétique contemporaine et d'une énergie électrique.