De la célèbre photo de Richard Avedon Dovima et les éléphants, en 1955, à celles beaucoup plus dénudées de Gisele Bündchen ou Kate Moss, en passant par la gracile Twiggy, le Metropolitan Museum de New York consacre une rétrospective aux mannequins, «muses» des temps modernes.

Ouverte jusqu'au 9 août 2009, l'exposition couvre 50 ans de mode, de 1947 à 1997, lorsque les créateurs, photographes et mannequins sont devenus les héros d'un monde dominé par l'esthétique et l'apparence.

Si dans les années 20 quelques mannequins avaient incarné un modèle influent dans la société, elles avaient été supplantées dès les années 30 par les actrices de Hollywood ou les femmes de la haute société, élégantes, riches et oisives, rappelle l'Institut du Costume qui a organisé l'exposition, patronnée par le styliste américain Marc Jacobs et le mannequin-vedette britannique Kate Moss.

C'est après la 2e guerre mondiale, avec le «New Look» lancé par le couturier français Christian Dior, que les mannequins ont commencé à gagner de l'importance et à jouer un rôle majeur, qui n'allait cesser de croître pendant plusieurs décennies.

Pendant les cinquante années suivantes, ces créatures de rêve ont successivement représenté la féminité fatale des années 50, l'exubérance excentrique des années 60, le culte de l'athlétisme et de la beauté noire des années 70... Jusqu'à devenir des égéries de marques prestigieuses, qui en ont fait des multi-millionnaires à coup de contrats d'exclusivité pour des parfums ou des montres de luxe.

Toutes ces tendances, suivies par des millions de femmes à travers des magazines, ont été incarnées par quelques visages et quelques corps, immortalisés par des photographes de mode comme Irving Penn, David Bailey, Helmut Newton, Peter Lindbergh, Oliviero Toscani ou Patrick Demarchelier.

Pour Dovima et les éléphants, Richard Avedon avait fait poser Dorothy Virginia Margaret Juba (Dovima) au Cirque d'hiver, à Paris, dans une robe du soir en satin noir et blanc dessinée par Yves Saint-Laurent, alors assistant de Christian Dior.

Progressivement, les mannequins sont devenues les muses de tel ou tel créateur, parfois les épouses des photographes, souvent des héroïnes imitées par des millions d'adolescentes. Découvertes souvent très jeunes, dans un bus à 14 ans comme Carmen dell'Orefice en 1945, ou à Nairobi comme la Somalienne Iman en 1975, elles ont commencé à rivaliser avec les actrices et les chanteuses dans les pages «célébrités» des magazines.

L'exposition rappelle l'arrivée triomphante à New York en 1967 de Twiggy, la «brindille», symbole de l'Angleterre débridée des Beatles et de Mary Quant, qu'il avait fallu évacuer en hélicoptère des rues de Manhattan.

Twiggy a été le premier mannequin «star», suivie depuis par des dizaines d'autres, de Claudia Schiffer à Christy Turlington, de Cindy Crawford à Naomi Campbell, de Kate Moss à Stéphanie Seymour.

Jusqu'à arriver à un «trop-plein», souligne l'Institut du costume, qui conclut la rétrospective en évoquant «le flux apparemment intarissable de mannequins venues des pays de l'Est, toutes exactement semblables». Un flot que seules quelques-unes ont transformé en conte de fée, à l'instar de Natalia Vodianova, née en Russie en 1982. Cette vendeuse de fruits et légumes à 11 ans, mannequin-vedette à 17, est devenue l'épouse d'un aristocrate anglais richissime, avec qui elle a aujourd'hui trois enfants.