Depuis son 400e anniversaire, Québec avoue son ambition de devenir une ville culturelle incontournable. Dans la première entrevue qu'il accorde, le responsable du dossier «Montréal, métropole culturelle», Robert Pilon, avertit qu'il n'y a qu'une seule métropole culturelle au Québec: Montréal.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, aime bien, à Tout le monde en parle ou ailleurs, titiller Montréal en vantant les mérites culturels de sa ville, Paul McCartney et Cirque du Soleil à l'appui. Au-delà du duel Québec-Montréal, réel ou magnifié, il ne peut pas y avoir deux métropoles culturelles au Québec, prévient Robert Pilon, qui pilote depuis peu le projet «Montréal, métropole culturelle».

«Montréal, Québec et les régions, ou encore une métropole, une capitale nationale et un territoire forts, ça peut aller. Mais si on essaie d'avoir deux métropoles, ça ne marchera pas», croit le «porteur de ballon» du maire Gérald Tremblay pour réaliser le plan d'action culturel 2007-2017.

En poste depuis moins de deux mois, il ne veut pas dénigrer les efforts de la capitale pour devenir une attraction culturelle majeure, mais il faut reconnaître à Montréal son statut particulier, ajoute-t-il, par sa taille et la concentration d'industries et d'activités culturelles.

«La dynamique de confrontation ne nous mène nulle part, dit-il. Est-ce qu'une capitale nationale doit avoir un traitement spécial pour la culture? La réponse, c'est oui. Ça doit paraître que c'est une capitale nationale. Mais ça me fatigue qu'on coupe Montréal du reste du Québec. Montréal est la métropole d'un territoire et est en synergie avec lui.»

Si l'on veut vraiment faire de Montréal une destination culturelle internationale, il estime que «les gens qui parlent au nom du milieu culturel à Montréal doivent redoubler d'efforts» afin d'être mieux entendus par les gouvernements.

Leadership culturel

Sans réfuter le titre de «porteur de ballon», Robert Pilon pense ainsi que d'autres acteurs devront mener à bien ce projet avec lui.

«Il faut aller chercher le dynamisme de tout le monde, croit-il. Il ne faut pas attendre seulement après les gouvernements. Je ne prône pas leur désengagement, au contraire, mais il n'y a rien comme une participation active des acteurs sur le terrain.»

En financement privé des arts, par exemple, il souligne l'existence de nombreux leaders qui pourront «devenir de vrais porteurs de ballons».

Depuis le Sommet de novembre 2007 sur la culture, le Quartier des spectacles s'est mis en branle. Les bibliothèques montréalaises ont bénéficié d'investissements. Des efforts sont faits en tourisme culturel et dans les relations arts-affaires, mais beaucoup reste encore à l'état d'ébauche dans le plan d'action contenant une trentaine de pistes de décollage.

«Je me dis parfois, comment se fait-il qu'un projet n'aboutisse pas ou qu'un autre soit en retard? Ça fait partie de la réalité, mais je pense que les projets du Vieux-Port (dont le projet du silo no. 5 du Musée d'art contemporain), notamment, pourraient avancer plus vite.»

Comité de suivi

M. Pilon rencontre aux deux semaines les membres du comité de suivi, les fonctionnaires de la Ville et des ministères, ainsi que les représentants d'organisations comme Culture Montréal et la chambre de commerce.

«Ça va très bien. Il n'y a pas de bogues. Quand ça arrive au niveau politique, avec les budgets, ça devient plus complexe, mais on y est arrivés dans le Quartier des spectacles. On peut le faire ailleurs.» Il s'agit de choisir les dossiers qui devront être poussés plus vite, selon lui.

«L'idée n'est pas de réécrire le plan d'action, dit-il, mais de lui donner un ordre de priorités. On y trouve déjà des choses fondamentales comme le rôle des écoles de formation, le partenariat Montréal-régions et le financement privé.»

La prochaine réunion du comité de pilotage du plan d'action, réunissant les ministres québécois et fédéraux, aura lieu en août prochain.