Comme métropole culturelle canadienne, Toronto rugit un peu moins fort cette année. Dans une mauvaise passe financière, le Musée des beaux-arts de l'Ontario (AGO) a supprimé plusieurs postes. L'institution vient aussi de nommer Tony Gagliano, qui a cofondé le festival Luminato, à la tête de son conseil d'administration. Sa mission a pour nom «collecte de fonds».

Son collègue à Luminato, David Pecaut, a lui aussi été choisi pour amasser des centaines de millions manquant pour les nouveaux quartiers généraux du Festival international du film de Toronto. Les deux hommes sont derrière l'idée des Grands Prix du Canada pour les arts et la créativité du gouvernement fédéral.

Pendant ce temps à Montréal, petit train va loin. La saison des festivals approche et les rues grouilleront de monde comme jamais, foi d'Alain Simard, même si le Festival international de jazz estime recevoir 10 % moins de spectateurs en salle. L'astuce: deux jours de plus d'activités extérieures.

De son côté, le premier événement estival en arts de la scène, le Festival TransAmériques se porte bien merci, pendant que le Festival Shakespeare de Stratford, en Ontario, se voit contraint d'annuler des représentations.

«Ça va bien. On est même légèrement en avance sur l'an dernier. Nous ne faisons pas partie du superflu aux yeux du public. Cette année, ce sont les commandites qui étaient moins au rendez-vous», explique Marie-Hélène Falcon, directrice du FTA.

Le festival a ses habitués et ses fidèles, souligne-t-elle. Pas besoin de forfaits supplémentaires ou de ventes de feu, le public revient tous les ans. C'est une question culturelle.

«La culture est importante chez nous, dit-elle. Les gens y croient, la soutiennent et y vont. Je ne dis pas qu'elle ne l'est pas ailleurs, mais ce n'est pas la même économie.»

À Juste pour rire, les prévisions ont aussi été ajustées légèrement à la baisse, confirme Gilbert Rozon, «mais les ventes sont bonnes jusqu'ici. On a été agressif en promotion et ça rapporte. On peut se servir de la crise pour être plus vigilant et attentif», dit-il.

Place des Arts

La force de la culture n'est pas qu'affaire de saison estivale à Montréal. Au coeur du Quartier des spectacles, la Place des Arts n'a pas encore vu poindre les affres de la crise dans ses ventes aux guichets.

«De septembre à février dernier, il y a eu une légère diminution de l'assistance de 5%, mais ce n'est pas significatif. La dernière partie de la saison, qui s'étend jusqu'en août, est toujours plus forte», annonce la directrice du développement, Denise Melillo.

Pas de panique donc. D'autant plus que 2007-2008 a été la meilleure année à la Place des Arts en 14 ans avec près d'un million de spectateurs.

«Cette année nous donnera aussi d'excellents résultats, assure Mme Melillo. Pour l'an prochain, il y a plus d'incertitude. Nos compagnies résidentes et les producteurs ont des réserves, mais déjà, il n'y aucune annulation en location de salles.»

Banlieue

En arts de la scène, l'un des baromètres les plus représentatifs depuis 10 ans est celui des salles de banlieue qui ont drainé une bonne partie d'un public qu'on retrouve de moins en moins au centre-ville de Montréal.

De ce côté, aussi, les nouvelles sont bonnes.

«Les diffuseurs ont senti un petit ralentissement l'automne dernier. Rien d'alarmant. C'est difficile de prévoir comment les gens vont réagir lors de l'achat des abonnements de saison dans les prochains mois, mais les diffuseurs vont analyser davantage leur programmation», croit Manon Morin, directrice de Réseau Scène, un rassemblement de 19 salles dans la couronne de Montréal. Certains spectacles à risque, de création, pour le public jeunesse ou les tournées en fin de parcours, pourraient cependant être plus difficiles à vendre, selon elle.