Celui que le ministre fédéral responsable de la culture n'arrivait pas à identifier il y a quelques semaines s'est transformé en critique politique alors qu'il recevait un prix à Ottawa, jeudi.

Robert Lepage était l'invité d'honneur d'une cérémonie à Rideau Hall en tant qu'un des six lauréats des Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène, recevant cette année le prix de la réalisation artistique.

Devant la Gouverneure générale Michaëlle Jean, à qui il adressait son discours de remerciement, il s'est permis de faire un peu de politique, notant que ce prix «arrive à point nommé».

Le gouvernement Harper a éliminé l'été dernier le programme d'aide financière aux tournées internationales des artistes canadiens.

M. Lepage a indiqué qu'il recevait son prix probablement à cause du rayonnement international de son oeuvre. Or, a-t-il dit, il a souvent l'occasion d'apprécier le travail des ambassadeurs canadiens lors de ses tournées internationales et, selon lui, «leur travail serait alourdi et diminué s'ils ne pouvaient pas compter sur la présence locale d'artistes canadiens pour attirer l'attention sur le savoir-faire canadien».

Le metteur en scène estime que «la diffusion à l'étranger de notre culture canadienne est notre seule vitrine», seule façon de «démontrer nos valeurs de société».

Il est même allé jusqu'à dire que la disparition des artistes canadiens des scènes internationales nuirait à la recherche de solutions aux conflits internationaux. Il a souligné que le débat de la réconciliation fait partie du tissu canadien et a ajouté que «ce débat s'est toujours fait ici de façon démocratique et civilisée. Ce serait dommage si les artistes canadiens ne pouvaient pas participer à ce débat-là à l'échelle internationale.»

S'il s'est permis ces quelques remarques politiques, M. Lepage avait d'abord entamé son discours de remerciement sur un ton plus léger. «J'ai l'impression d'être au début de ma carrière et que le meilleur est à venir», a lancé le metteur en scène, comédien, auteur et réalisateur.

«J'interprète ce geste comme un geste d'encouragement pour la suite et non pas comme une façon polie de me dire qu'il est temps pour moi de me taire.»

Dans la courte biographie de M. Lepage distribuée en prévision de la cérémonie, Rideau Hall note qu'il est l'un des artistes canadiens les plus connus au monde.

Lors de son passage à l'émission Tout le Monde en parle, le mois dernier, le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, n'a pas su le reconnaître alors qu'il était invité à identifier une dizaine d'artistes canadiens.