Diversification est le mot d'ordre au Cirque du Soleil. Une diversification géographique, avec 31 nouveaux marchés en 2008, et aussi artistique, par l'exploration de genres comme la revue musicale et le vaudeville. Le PDG, Daniel Lamarre, affirme que la multinationale québécoise n'abdiquera pas devant la crise économique.

«On passe tellement de temps à parler des problèmes économiques qu'on crée une psychose, a soutenu M. Lamarre, hier, en marge d'un déjeuner de la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Tout le monde planifie la décroissance. Nous, on va s'essayer.»

Le Cirque lancera son 25e spectacle en 25 ans le mois prochain, dans le Vieux-Port de Montréal. Et pour la première fois de son histoire, la troupe y retournera une deuxième année de suite, en 2010, avec le tout premier spectacle sous chapiteau de Robert Lepage.

L'an prochain également, le Cirque présentera deux nouveaux spectacles à New York: un vaudeville «réinventé» de David Shiner, metteur en scène de Kooza (qui aura été rodé auparavant à Chicago), et la revue musicale signée par René Simard au Radio City Music Hall, déménagée de Macao en raison de la crise.

«Au Cirque, on rêve de réinventer Moulin Rouge avec ce spectacle. Ça va être gigantesque, lance M. Lamarre. Les gens de Broadway se demandent ce qu'on va faire parce qu'il n'y a pas beaucoup de nouveaux projets. La beauté du Cirque, c'est que, si on se trompe, on peut changer de ville.»

Le premier spectacle permanent de la troupe à Dubaï pourrait lui aussi trouver un autre site si la tourmente persiste là-bas. Le Cirque se donne jusqu'à la fin de l'année pour décider.

«On va donner le temps à l'économie de se replacer et aux touristes de revenir. Mais la reprise va se faire là plus rapidement qu'ailleurs», estime le PDG.

Dans d'autres villes vivant des heures incertaines, comme Madrid et Séville en Espagne ou Atlanta aux États-Unis, les spectacles de tournée continuent de faire salle comble. La troupe s'est installée en Russie et continuera de développer le marché chinois en 2009-2010.

Dans son château fort de Las Vegas, malgré une baisse générale des revenus du jeu de 10 % en 2008, le Cirque a vu ses ventes de billets augmenter de 5 % en raison, notamment, du nouveau spectacle Believe de Criss Angel.

À la fin de l'année 2009, le Cirque mise sur son hommage à Elvis pour continuer sa croissance dans la capitale du jeu.

«Beaucoup de spectacles ferment à Las Vegas, ce qui laisse plus de place au Cirque, indique le président. Dans les concerts rock, tous les gros noms vendent, comme U2 ou Madonna. Ce sont les noms de type B ou C qui vendent moins. Nous, on considère qu'on est dans le triple A.»

Daniel Lamarre ajoute que des compressions administratives de 10 %, dont les dépenses de voyage, permettent à l'organisation de conserver les emplois tout en continuant d'appuyer la créativité. «Ceux qui s'accrocheront à leurs valeurs fondamentales sortiront plus forts de cette torpeur économique», croit Daniel Lamarre.