Montréal a reçu au cours des derniers jours des spécialistes internationaux de l'éclairage public. Ces maîtres de la lumière sont venus notamment éclairer leur lanterne dans le Vieux-Montréal et le Quartier des spectacles.

Les Montréalais l'ignorent, mais leur ville n'a rien à envier aux capitales européennes pour ce qui est de l'éclairage urbain. Parole de Français!

«Montréal a acquis au cours des ans une vraie compétence et une capacité d'innover en matière d'éclairage. Le Vieux-Montréal et le Quartier des spectacles, c'est quelque chose d'assez merveilleux», affirme Jean Michel Daclin, adjoint au maire de Lyon et président de l'association LUCI (Lighting Urban Community International).

En compagnie d'une soixantaine de participants venus d'une quinzaine de villes, il a arpenté au cours du week-end les rues de la métropole à l'affût de l'art de la lumière montréalais, que l'on peut apprécier dans la vieille ville et le secteur des salles de spectacle.

Ancien directeur de LUCI, Frédéric Bove a quitté Lyon pour Montréal afin d'aider le Quartier des spectacles à mettre en oeuvre son plan lumière. «Montréal peut faire office de modèle en Amérique du Nord, croit-il. Il y a ici les ingrédients d'une vraie grappe et d'un programme économique pour construire l'image de Montréal.»

L'image plairait au père des grappes industrielles québécoises, le maire de Montréal, Gérald Tremblay. En souhaitant la bienvenue aux membres de LUCI, vendredi matin, ce dernier a fait certains aveux aux spécialistes internationaux de la lumière: «C'est difficile, parfois, même dans ma formation politique, de convaincre les gens que la lumière a encore un rôle à jouer. Elle représente un attrait, un sentiment de sécurité tout en participant au développement, et ça améliore la qualité de vie.»

Fondée en 2002, l'association LUCI compte plus de 70 membres, parmi lesquels des représentants de 54 villes de quatre continents et une vingtaine de membres associés du monde du design ainsi que des secteurs industriel et universitaire.

Chartres

L'adjoint du maire de Chartres, Laurent Lhuillery, aussi chargé des événements de sa ville, croit pour sa part en la participation citoyenne pour s'assurer du succès d'un plan lumière ou d'une fête de la lumière: «Si les habitants sont fiers, le pari est gagné. Il ne faut pas oublier que des habitants heureux sont les meilleurs vendeurs de leur ville. À Chartres, il y a la cathédrale, bien sûr, mais il y a plein d'autres choses moins connues.»

Ville de 42 000 habitants, Chartres reçoit plus de 300 000 visiteurs à la fin de septembre pour sa Fête de la lumière. Mais la ville a également pris un virage culturel important en transformant des HLM en musées à ciel ouvert avec l'aide des peintres muralistes de Cité Création, qui ont collaboré à La fresque des Québécois dans le Vieux-Québec.

«À Montréal, ajoute M. Lhuillery, vous avez la chance d'avoir un patrimoine exceptionnel. Il faut l'entretenir et le mettre en valeur.»

Lyon

Même son de cloche du côté du directeur de l'éclairage public de Lyon, Antoine Bouchet. Le berceau des frères Lumière, inventeurs du cinéma, a créé son plan lumière il y a 20 ans.

«Au départ, ce terme n'existait même pas, raconte-t-il. Les élus lyonnais ont peut-être perçu l'importance de la lumière avant les autres, c'est tout. La lumière permet de communiquer et de faire progresser l'image de la ville, mais elle doit profiter d'abord aux habitants.»

La Fêtes des lumières de Lyon se tient autour du 8 décembre chaque année dans toute la ville: grandes installations, expérimentations étudiantes, galerie de lumières, déambulations abyssales... Mais attention, insiste l'ingénieur, chaque ville doit trouver sa propre voie lumineuse.

«Montréal n'a plus grand-chose à apprendre, estime M. Bouchet. Lyon s'est complètement transformé avec la lumière, mais on vient ici pour partager nos idées, nos recherches et solutions avec nos collègues québécois.