Leurs ancêtres arabes venaient du désert où, élevés aux dates et au lait, ils partageaient le statut et la tente des fils des chefs de tribus bédouins.

Plus tard, Carthage vit s'affermir leurs qualités de vivacité, de souplesse et d'endurance et c'est de là que, au Moyen Âge, ils partirent, avec leurs cavaliers maures, à la conquête de l'Espagne. Sur l'autre continent, ils en vinrent à se croiser avec des juments des Pyrénées, plus lourdes et fortes ; en résulta le cheval andalou, leur grand-père, dont on a pu apprécier les qualités de la descendance dans Cavalia (qui, on le rappelle, revient à Montréal après une tournée de deux ans en Europe).

Les musulmans partis, les Espagnols commencèrent à exporter leurs chevaux de guerre, les meilleurs de l'Europe ; l'archiduc autrichien Karl établit (1580) un haras à Lipizza (près du port italien de Trieste), ville qui donnera son nom à la magnifique race de chevaux blancs dont nous verrons une douzaine de représentants demain au Centre Bell : les Lipizzans, les fameux étalons blancs.

Dans sa partie traditionnelle, le spectacle des White Stallions Productions de Floride - que l'on a souvent vu à Montréal depuis sa création en 1970 - reproduit les exercices de l'École espagnole de Vienne (fondée en 1572),dernier bastion de l'équitation dite de haute école.

Il s'agit d'un spectacle de dressage, discipline équestre (souvent associée au ballet) où le couple cavalier-monture, en symbiose totale, - «deux coeurs, une tête» - aspire à la précision parfaite dans les allures du cheval : le pas, le trot, l'allure «essentielle», et le galop. Rappelons par ailleurs que le dressage est une discipline olympique, au même titre que le cross-country et le saut d'obstacles, concours dans lequel le Montréalais Éric Lamaze a remporté la médaille d'or, l'été dernier à Pékin.

Les mouvements se font en solo - la courbette, le piaffer, la pirouette -, par deux (pas-de-deux), par trois (pas-de-trois, eh ! oui), quatre (devinez...) ou en plus grand nombre (quadrille). Avec ou sans cavalier (celui-ci, au sol, contrôle le cheval avec de longues rênes), les meilleurs athlètes équins pourront exécuter des mouvements appelés « airs » dans lesquels ils quittent complètement le sol : courbette, capriole, croupade (rien à voir avec l'expression « les quatre fers en l'air...). Tout pour nous rappeler que le cheval est vraiment une bête de scène.

Deux nouveautés (bienvenues) au programme : un segment plus contemporain mettant en vedette un étalon andalou - blanc aussi, mais plus grand et puissant que son descendant lipizzan - et « un enlevant numéro au rythme de la musique d'un big band de l'époque swing ». Rien pour déranger les lipizzans, les meilleurs danseurs du monde. «To the moon !»

Quant aux petits qui demanderont « pourquoi tous les chevaux sont blancs », on pourra expliquer qu'ils naissent noirs et blanchissent avec le temps. « Comme papa ? » Ouais...

Les étalons lipizzans, demain, 14 h et 18 h, à l'Amphithéâtre du Centre Bell.