L'artiste français d'origine hongroise Simon Hantaï, peintre abstrait maître de la couleur, qui pliait et compressait la toile avant de la peindre, est mort dans la nuit de jeudi à vendredi à Paris à l'âge de 85 ans, a-t-on appris lundi auprès de ses proches.

Le peintre est décédé à son domicile pendant son sommeil, selon la même source.

Simon Hantaï, artiste majeur de la seconde moitié du XXe siècle, exposé dans de nombreux musées dont celui du Centre Pompidou à Paris qui possède une soixantaine de ses oeuvres, avait représenté la France en 1982 à la Biennale de Venise.

Né à Bia en Hongrie en décembre 1922, Simon Hantaï - qui avait pris la nationalité française en 1966 - était une «grande figure de l'abstraction en France et un grand peintre de la couleur», a indiqué à l'AFP la critique d'art et écrivaine Catherine Millet.

Il avait inventé la technique du «pliage comme méthode», disait-il, pliant et froissant la toile avant de la peindre. L'oeuvre n'était alors révélée qu'une fois dépliée.

L'artiste avait étudié aux Beaux-Arts de Budapest avant de s'intaller à Paris en 1949. Il participe alors d'abord au groupe surréaliste et compose des oeuvres en expérimentant déjà le pliage qui sera par la suite sa marque de fabrique. André Breton, le «pape» du surréalisme, signera la préface de sa première exposition à Paris, en 1953.

Il gratte alors la couleur avec des objets incongrus, comme la tranche métallique d'un réveil, pour en révéler les traces en négatif.

En 1955, il découvre Jackson Pollock et les peintres expressionnistes américains, se rapprochant de l'Abstraction lyrique européenne et de son chef de file, Georges Mathieu. Son style se fait alors plus abstrait, plus lyrique et plus gestuel.

En 1955, il réalise Sexe-Prime. Hommage à Jean-Pierre Brisset, un tableau qu'il qualifie de «matérialisation d'un moment de délire érotique», jouant sur les creux, retirant la peinture par endroits.

A partir de 1960, il abandonne la toile montée sur châssis et développe sa méthode de pliage, pour réduire les manipulations et remettre ainsi en cause le geste artistique et la recherche de toute composition. Les toiles sont pliées de manière plus ou moins fine, froissées et nouées avant d'être peintes, parfois «en aveugle».

L'artiste systématisera le principe en réalisant des oeuvres différenciées par le type de pliage utilisé, les toiles étant pliées une fois, deux fois, régulièrement, irrégulièrement, avant d'être peintes, etc.

Ses séries - Mariales, Catamuron, Meuns, Tabula - composent des ensembles blancs ou colorés, géométriques, des taches répétées, des motifs agrandis.

Au début des années 80, il restreint le nombre des motifs qui les composent et dans les années 90, réalise de nouvelles peintures à partir d'oeuvres précédentes qu'il découpe.

Homme secret et solitaire, Hantaï s'était volontairement retiré au début des années 1980 de la scène artistique, reparaissant quinze ans plus tard pour des expositions à Paris et Céret.

Il était le père des musiciens Pierre et Jérôme Hantaï.