Un témoin marquant de l'histoire du métal débarque à Montréal mardi soir. Motörhead s'amène au Métropolis peu après le lancement de leur 20e disque, Motörizer. Entretien avec son batteur Mikkey Dee.

«Rock out with your cock out/Impress your lady friends/Rock out Till your life is at the end», crie Lemmy Kilmister sur Motörizer.

Déjà âgé de 62 ans, Lemmy, avec encore la même chevelure poisseuse, le même regard reptilien, la même lucidité froide dans ses mots et la même hargne dans sa voix.

«Je répète à mon fils qu'il doit se préparer à me remplacer, blague au téléphone Mikkey Dee, batteur de 44 ans de Motörhead. Parce que je pense que Lemmy n'arrêtera jamais. Il va tous nous enterrer.»

Une insulte à la médecine moderne. Voilà comment on pourrait décrire le membre fondateur de Motörhead et ancien roadie de Jimi Hendrix. Son cocktail de longévité: du Jack Daniels avec du coke, du tabac pour les poumons, du rock méchant pour le moral, de l'exercice en couple et un faible pour les stimulants - son autobiographie s'intitule White Line Fever.

Motörhead continue d'avancer en ligne droite, en attendant de rencontrer son mur. Le trio anglais vient de reprendre la route avec les Misfits. Mikkey Dee se trouvait à Las Vegas quand nous l'avons joint.

«Contrairement à ce que tu pourrais croire, Vegas n'est pas une ville très rock'n'roll, lance-t-il. C'est plutôt la place des gros événements clinquants. À ma dernière visite, il y avait le NASCAR. Là, c'est tranquille.»

La vie en tournée devient un peu moins rocambolesque, assure le Suédois qui a remplacé Phil «Philty Animal» Taylor en 1992 dans le trio. «Faut qu'on fasse attention à nous, justifie-t-il. Je joue beaucoup au hockey avec des amis qui étaient avant dans la LNH. Et je ne bois jamais avant de monter sur scène. Mais bon, faut aussi respecter nos obligations envers les bars.»

L'histoire à l'envers

Lemmy fonde Motörhead en 1975. Le groupe figure facilement parmi les plus influents du rock agressif. Autant pour les punks que les métalleux, incluant leurs disciples Metallica. Ironiquement, Motörhead a gagné son premier Grammy en 2005 pour Whiplash, une reprise de Metallica. L'histoire fonctionne parfois à l'envers. Mais Mikkey Dee ne s'en offense pas.

«Tu sais, ça fait plaisir, ces récompenses, mais ce n'est pas la fin du monde non plus», assure-t-il d'un ton nonchalant.

Le disque Motörizer a été enregistré à Los Angeles au studio de Dave Grohl. Pas de grande surprise. Au lieu d'ajouter des couches, le trio en enlève pour ne garder que le noyau dur. Basse mordante, solos éclairs et batterie comme un train. Motörhead reste Motörhead.

«Plusieurs disent que nous retournons aux sources avec ce disque, raconte Mikkey Dee. Je ne suis pas d'accord. Kiss Of Death et Motörizer marquent un nouveau cycle. On veut jouer de la musique en 2008, pas en 1978.»

Motörhead, en spectacle au Métropolis le 16 septembre, avec les Misfits, Valient Thorr et Year Long Disaster.