Avant d'animer le débat des chefs en français, le 1er octobre à Ottawa, Stéphan Bureau entreprend ce soir une série de débats autrement plus ludiques et divertissants. En direct dès 20h, La joute succède à une longue tradition de débats à Télé-Québec, après Droit de parole et Il va y avoir du sport.

Déjà hier, lors de la présentation de l'émission aux journalistes, le débat était lancé. Stéphan Bureau a dit souhaiter que des politiciens actuellement en service prennent part aux débats de La joute. «Pas pour la première saison», s'est objecté le directeur des programmes de Télé-Québec, Martin Roy, qui craint la partisanerie. «Nous y arriverons inévitablement», a rétorqué Bureau. Beaux débats à venir dans les bureaux du diffuseur.

Les courageux débatteurs de La joute pourront donc être d'anciens politiciens, mais pas des élus en fonction. «On fera exception pour les élus municipaux», précise Martin Roy. On ne voulait pas se passer de Stéphane Gendron, maire de Huntingdon, qui fait d'ailleurs partie de la première émission ce soir.

Mais en général, les débatteurs seront des comédiens, des journalistes, des polémistes. Outre Gendron, qui se fait plus modéré qu'à L'avocat du diable, le comédien Christian Bégin et la chroniqueuse politique Josée Legault partent le bal ce soir en débattant entre autres de la violence au hockey junior majeur.

Presque un jeu, La joute semble beaucoup plus miser sur les qualités oratoires que sur les points de vue, malgré le sérieux des sujets abordés. Stéphan Bureau agit comme modérateur, ajoutant sa touche d'humour bien personnelle.

Les journalistes ont eu droit aux extraits d'une émission pilote hier. À première vue, l'ambiance de La joute fait penser à de grands jeux comme Paquet voleur et Le banquier: public installé dans un décor sombre et bleuté, musique dramatique, et chrono augmentant le suspense. On est bien loin de Droit de parole.

Quatre sujets sont abordés chaque vendredi. Trois d'entre eux, collés sur l'actualité, sont transmis aux débatteurs 48 heures avant l'émission. Un quatrième sujet mystère n'est dévoilé aux débatteurs qu'à la dernière minute. Lors de l'émission pilote, on leur a demandé de se prononcer sur la tricherie des Chinois aux Jeux de Pékin.

Sans entrer dans les détails, chaque débatteur dispose d'une limite de temps pour exposer son point de vue, et peut interrompre un rival une seule fois dans le débat, pour éviter la cacophonie. Les avis peuvent différer comme ils peuvent être partagés par les trois débatteurs. «Je n'aurais jamais cru être d'accord avec Stéphane Gendron», a lancé Josée Legault en fin de débat. Le trio venait de se prononcer sur l'utilité d'une classe de garçons dans une école secondaire de Verdun, qui a nécessité des investissements de 40 000$.

Fait à noter: le public pourra voter pour son débatteur préféré, par téléphone, moyennant la somme de 50 cents, ou par Internet. Des tiers de finale auront lieu dès la quatrième semaine avec les trois premiers gagnants, avant la finale à Noël.

La joute est une adaptation d'un concept croate de la télévision publique, intitulé Piramida. Toujours en ondes, l'émission a autant de succès là-bas que Tout le monde en parle chez nous. Surtout acheté dans les pays de l'Est, le concept est adapté pour la première fois en Amérique. Le concepteur de la version originale a assisté à l'émission pilote et a adoré, affirme le producteur chez Avanti, Luc Wiseman.

Ma crainte: que La joute relève un peu trop du spectacle, et que les idées qu'on y développe n'aboutissent nulle part. On nous a même laissé entendre hier qu'un «joueur» pouvait adapter son opinion pour gagner le débat. Or, tout le monde ne peut avoir une opinion sur tout, et La joute en forcera plusieurs à s'inventer des points de vue, ce qu'on ne voyait pas à Il va y avoir du sport. Josée Legault croit au contraire que la présence de trois débatteurs permettra au débat d'explorer les nuances qu'un pour ou contre évite trop souvent.