Il y a mésentente entre le Commissariat aux langues officielles (CLO) et CBC/Radio-Canada. Le Commissariat reproche au diffuseur public son manque de collaboration dans le traitement de plaintes concernant sa programmation.

De son côté, le réseau de télévision persiste et signe: lorsqu'il est question de programmation, ce n'est pas au Commissariat aux langues officielles d'intervenir, mais au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Pourtant, CBC/Radio-Canada est assujettie à la Loi sur les langues officielles.

Un récent incident illustre les conséquences de cette mésentente. En mars dernier, CBC a diffusé une version écourtée de 44 minutes du gala du Panthéon, qui avait duré trois heures. Dans le montage présenté par CBC, toutes les prestations et interventions des artistes francophones ont été coupées, alors que l'événement honorait notamment la carrière du chanteur Claude Dubois. L'intégralité du gala a toutefois été diffusée à la radio.

À la suite de cette diffusion, le président directeur général de CBC/Radio-Canada, Hubert T. Lacroix a comparu devant le comité des Communes sur les langues officielles afin de répondre aux questions des députés fédéraux. Ceux-ci désapprouvaient la décision de CBC de couper les interventions en français.

Un commissaire préoccupé

De son côté, le Commissariat aux langues officielles a reçu des plaintes provenant du public après la diffusion du gala. Or, quand l'organisme a donc voulu se pencher sur le dossier, «la Société (Radio-Canada) a cessé graduellement de collaborer au traitement des plaintes touchant de près ou de loin ses activités de programmation, indique un document obtenu par La Presse, en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Nous sommes préoccupés par la diminution progressive des rapports de collaboration entre le Commissariat et la Société.»

Une rencontre a même eu lieu en juillet entre Hubert T. Lacroix et des représentants du Commissariat pour discuter de ce problème. En plus de «l'affaire Claude Dubois», le document révèle que le CLO a eu des accrochages avec la CBC/Radio-Canada sur d'autres dossiers, notamment sur les concours The Greatest Canadian en 2004 et le Seven Wonders of Canada en 2007. «Les deux concours ont été publicisés sur les ondes de CBC seulement et dans les journaux de langues anglaises, le public francophone qui n'écoute pas la chaîne anglaise n'a donc pas été mis au courant de la possibilité de participer aux concours», peut-on lire.

Dans une lettre qu'il avait envoyée à Hubert T. Lacroix peu de temps après sa nomination à la tête de Radio-Canada en novembre 2007, le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, lui avait fait part de ses inquiétudes. «Je suis préoccupé par certains incidents récents qui pourraient indiquer qu'il y aurait eu lieu que CBC/Radio-Canada fasse davantage la promotion de la dualité linguistique comme pierre angulaire de notre identité», écrit-il.

Mais le diffuseur continue de croire que le CLO ne peut intervenir dans des dossiers touchant la programmation. «C'est la loi sur la radiodiffusion qui établit les règles en matière de programmation, explique Pascale Montminy, directrice des relations publiques aux communications institutionnelles de CBC/Radio-Canada. Donc, quand il question de programmation, on croit que ça devrait être traité par le CRTC.»

Mme Montminy tient toutefois à souligner que les discussions se poursuivent entre les deux parties. «Le dossier n'est pas clos, dit-elle.» Elle ne savait toutefois pas à quel moment le CLO et Radio-Canada avaient prévu se rencontrer à nouveau.

Il a été impossible d'obtenir les commentaires du commissaire aux langues officielles à ce sujet. «Avec le déclenchement de la campagne électorale, on a décidé de ne pas commenter», s'est contenté de dire le porte-parole du Commissariat, Robin Cantin.

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Avec la collaboration de William Leclerc