En 1992, Dan Bigras chantait «Si t'as plus pour moi que cette tendresse de merde, tue-moi!». Seize ans plus tard, ça ne l'empêche pas d'intituler son nouvel album Duos de la tendresse (sortie: 16 septembre), sans pour autant se trahir: d'abord, parce qu'il s'agit bel et bien de reprises de ses chansons en duo avec 13 chanteuses, ensuite parce que, «rendu à 50 ans, je suis plutôt pour la tendresse», dit-il en riant. La tendresse avec 13 blondes, c'est quand même pas reposant.

«Je ne voulais pas faire un disque à la Frank Sinatra, explique Bigras, joint à L'Île-Perrot, où le grand Dan a monté son studio. Tous les duos, avec Marie-Mai comme avec Isabelle (Boulay) ou Ginette (Reno), on les a chantés ensemble, les yeux dans les yeux.» Pour mener le tout à bien, il s'est transformé en musicien, arrangeur, ingénieur de son et réalisateur, avec la collaboration d'Alain Sauvageau (Claude Dubois et Diane Dufresne), et du guitariste Dan Mongrain (du groupe prog-métal Martyr, mais qui a aussi accompagné Céline Dion et le spectacle Dracula). «Mongrain me ressemble beaucoup avant!" lance Bigras, en riant. Avant la sobriété, les cheveux courts, la boxe, le cinéma, la reprise en main C'est donc avec le "Dan d'après» qu'on a fait le tour des 14 morceaux et des 13 femmes qui figurent sur Duos de la tendresse.

Tue-moi avec Marie-Chantal Toupin

«On a fait plusieurs shows ensemble. Elle était surprise que je lui propose ma «grosse chanson», comme elle dit, mais je trouvais qu'elle avait ce qu'il fallait pour. Écoute bien, au début du deuxième refrain, il se passe quelque chose dans nos voix.»

Le vent bleu avec Marie-Élaine Thibert

«Elle a participé à mon show aux FrancoFolies, il y a deux ans, quand j'avais demandé à de jeunes artistes de vraiment brasser mes tounes. C'est ce qu'elle a fait. Mais en plus, Marie-Élaine s'entraîne à la boxe au même dojo que moi, c'est mon chum Ali, son entraîneur, tu devrais la voir aller. Est petite, mais est vite, pis elle punche en ta!»

Lettre d'un vieux guerrier avec Ginette Reno

«Je l'avais engagée pour faire Jézabel (album posthume de Gerry Boulet, réalisé par Bigras en 1994), elle est venue au Show du Refuge aussi Ginette, c'est la voix parfaite, tu t'en rends compte quand t'es son ingénieur du son. Et c'est mon idole: j'ai encore son 33 tours Ginette en amour Je lui ai dit: je t'envoie trois, quatre chansons, mais dès qu'elle a entendu la Lettre, elle m'a dit: arrête, c'est celle-là.»

Un homme, ça pleure aussi avec Laurence Jalbert

«On a fait tellement de shows ensemble, c'était naturel, chanter en duo Je voulais faire cette chanson avec Laurence, c'est pas mal plus doux que le gros duo rock avec Éric (Lapointe), c'est une mère qui chante à son garçon.»

Rivière perdue avec Isabelle Boulay

«Isabelle, elle fittait avec toutes mes chansons, c'est la plus belle voix francophone pour la mélancolie, avec celle de M. Reggiani. Elle m'a proposé de faire cette chanson très country, ça marche parfaitement.»

Naufrage avec Marie-Mai

«C'est une surprise, un flash, elle a chanté sur mon show Dan et ses blondes. Elle a pris la chanson avec toute son énergie, pis disons que c'est moi qui ai été obligé de la suivre. Oui, Marie-Mai m'a obligé à être une jeune chanteuse, tab!»

Trois petits cochons avec Marie-Mai, Lulu Hughes et Laurence Jalbert

«C'est tellement une toune pour chanter ensemble S'il te plaît, fais pas de farce du genre «les trois petites cochonnes»a vec ça, OK?»

Entre les draps avec Lise Dion

«Je l'ai vue chanter en show, et elle chante en ta! Mais là, c'est la première fois qu'on entend la voix de Lise Dion elle-même, pas l'imitatrice. Elle avait peur en maudit. Ça m'a rappelé quand, à 17 ans, on m'avait demandé de remplacer le chanteur du band Ce soir-là, y a un gars qui a écrit sur mon char avec sa clé: «tu chantes mal, câlisse» (rires). Ben, Lise, elle chante super bien, câlisse!

Soirs de scotch avec Renée Martel

«On a des zones communes. Non, c'est pas l'alcoolisme qu'on a en commun, c'est ce qui nous a amenés à l'alcoolisme. Il y a des fois dans ma vie où Renée m'a tellement aidé»

Pourquoi tu veux avec Florence K

«Elle était venue au Show du Refuge et avait accepté de jouer à mon piano, debout; je l'avais accompagnée au sax. Quand elle a enregistré son disque, elle m'a demandé de venir jouer du sax, c'est la première fois qu'on me demandait ça On l'a fait simple et senti, la chanson, pas de piano»

Blessure d'amour avec Luce Dufault

«C'est sûr que Soirs de scotch (que Bigras et Christian Mistral lui ont écrite) est sa grosse chanson, à Luce, mais elle l'avait interprétée de tant de façons, déjà Et on a tellement chanté d'affaires ensemble, avant. Alors, elle m'a proposé qu'on reprenne cette autre chanson dont j'avais fait la musique pour elle. Est pas pire, hein?»

Malbrook et le président avec Lulu Hughes

"Je l'aime, Lulu. Elle a du torque. Elle a du chien. Mais elle a aussi des convictions."

Sarajevo avec Marina Orsini

"Marina a joué dans mon film (La rage de l'ange) et disons que si elle n'avait pas été là, il y a une scène très dure que je n'aurais pas été capable de jouer. Elle est tellement intense, tellement solide Sa voix est tellement belle quand elle récite le texte"

Ange animal avec Natalie Choquette

"C'est par sa fille (Florence K.) que je suis entré en contact avec elle. Ange animal, je l'ai fait de bien des façons, notamment avec le Philharmonique de Prague, magnifique. Alors, j'ai gardé des pistes du Philharmonique et Natalie est venue chanter. Comme soprano colorature, mais aussi avec sa voix à elle quand elle n'est pas cantatrice. Je suis sûr que Gilbert (Langevin, poète et auteur du texte) serait heureux et fier de l'entendre par Natalie"