Ça faisait quelques jours déjà que le Shibusa Shirazu Orchestra sévissait dans les rues de la vieille ville. Or, on se demandait toujours qu'elle forme prendrait un spectacle en bonne et due forme de la troupe japonaise. On est désormais fixé : c'est rien de moins qu'une orgie artistique postmoderne!

Prenez deux danseuses traditionnelles asiatiques, mettez-leur des bananes géantes dans les mains. Faites appel à quatre danseurs et danseuses entièrement maquillés de blanc, à moitié vêtus et laissez-les se déhancher. Ajoutez deux danseuses en tutu aux couleurs fluo, un charismatique chanteur en bobette et en kimono coiffé d'un bandeau blanc, ainsi qu'un orchestre de premier ordre, qui ne craint ni l'improvisation ni les partitions rigoureusement écrites, et vous commencez à avoir une idée du show déjanté qui avait cours à la place D'Youville.

Comme pour marquer le lien entre la rue où il s'était produit un peu plus tôt et la scène à proprement parler, environ la moitié du Shibusa Shirazu a commencé la performance sur des planches aménagées pour l'occasion sur la rue Saint-Jean. Graduellement la trentaine d'artistes s'est réunie pour se lancer dans des envolées jazz, rock et funk des plus festives. Guitare électrique, violon et cuivres nous auront servi des segments instrumentaux franchement réussis.

Malgré son imposante distribution, la troupe avait le sens de la mesure et avait la bonne idée de donner dans la nuance. Et puisque la bande débridée s'intéresse autant à la modernité qu'à la tradition, elle nous aura livré une magnifique ballade, où un immense dragon gonflable argenté, manipulé par des cordes, flottait au-dessus de la foule. Du bonbon pour les yeux et les oreilles qu'on pourra goûter une dernière fois ce soir, à 23h, à l'Impérial.

Mauvais casting

Le D.J. Ghislain Poirier à la place D'Youville, dès 18h30? Mauvais casting. Certes, son récent album No Ground Under, où les rythmes lourds et la basse bien grasse qu'il affectionne flirtent avec maints styles, dont la world, vaut le détour. Mais en plein jour et en extérieur, on ne sentait pas les pièces. L'artiste aura eu beau amener un batteur avec lui, ainsi que les MC Nik Myo et Face-T (Kulcha Connection), la sauce n'aura pris qu'à moitié. Le D.J. et les festivaliers auraient nettement été mieux servis à l'Impérial ou au Cercle, en fin de soirée...

J'irai voir

Le slam de l'incontournable Grand Corps Malade à 21h30, au parc de la Francophonie. Et puisque AaRON nous fait faux bond, c'est Souleymane Diamanka, également adepte de slam, mais sur un fond davantage jazz et world, qui se chargera d'ouvrir, dès 20h.

J'irais voir

Pour être plus précis, j'irai peut-être voir aussi l'Orquestra Tipica Imperial (place D'Youville, 18h30), si l'horaire me le permet. La troupe de Buenos Aires défend un tango fougueux comme il se doit, servi par des orchestrations riches et denses.