En salle comme dans la rue, les festivaliers ont eu comme d'habitude l'embarras du choix quant à la façon de profiter de ce 26e festival de l'humour. Galas, spectacles, pièces de théâtre, films, défilés, animations: nos journalistes Isabelle Massé et Paul Journet ont tout couru pendant une dizaine de jours et vous porposent leur bilan.

Le bilan de Isabelle Massé

La meilleure blague

«Hérouxville! La dernière fois qu'un petit village a autant fait parler de lui, c'était quand les Nordiques ont quitté Québec!» (Guy Nantel). Ou «Être antisémite, c'est être raciste avec une race qui a les moyens de te poursuivre!», encore de Guy Nantel.

Le meilleur numéro

Le monologue de Guy Nantel en ouverture de son gala dimanche dernier, le premier qu'il animait en carrière. Un numéro sur les accommodements raisonnables aussi pertinent que politiquement pas correct, livré avec entrain.

Le pire numéro

Celui de l'humoriste et animateur Julien Tremblay. Un gars souriant et sympathique, mais qui a servi des banalités sur la scène du Saint-Denis, lors du gala de Laurent Paquin, une guitare à la main.

Le meilleur spectacle

Le gala de Florence Foresti, un gala concept sur les hommes et les femmes dans lequel tous les invités (Anthony Kavanagh, Stéphane Rousseau, François-Xavier Demaison, Arthur...) ont respecté le thème imposé. Thème éculé, mais qui a donné droit à de très bons numéros en solo, en duo et en groupe.

La découverte

Le Français Jérémy Demay, installé à Montréal depuis trois ans. Ses apparitions lors de trois galas au Théâtre Saint-Denis ont toutes été chaudement applaudies. Faut dire que le jeune humoriste a déjà beaucoup d'assurance sur scène et des numéros originaux à offrir au public.

Une fausse bonne idée

Le cabaret d'Édouard Baer à la Maison Théâtre, créé en moins d'une semaine. L'idée était audacieuse: faire monter sur scène des artistes sélectionnés rapidement en auditions. Le public a ri, mais pas toujours pour les bonnes raisons, les heureux élus n'étant pas tous des génies de la scène. En fin de compte, on se dit que le spectacle n'était pas à la hauteur du talent de l'animateur.

Un artiste qu'il faut ramener l'an prochain

Édouard Baer, justement... mais seul, pour découvrir de visu toute l'immensité de son talent. L'acteur et humoriste a trois spectacles à son actif en France. Le matériel ne manque donc pas pour nous faire rire.

En résumé

Juste pour rire a proposé une belle brochette d'artistes à la barre des galas du Saint-Denis, cette année. Il y en a eu pour tous les publics avec le lubrique Marc Labrèche, le conteur Jean-Marc Parent, le physique Rachid Badouri, le duo de fous furieux Mike Ward-Patrick Groulx, l'énergique Florence Foresti, l'efficace Laurent Paquin et l'engagé Guy Nantel. Rien à dire, donc, du côté des animateurs. Mais du côté des invités... Si le public a pu apprécier des Louis-José Houde, Stéphane Rousseau, Anthony Kavanagh, Jean-Michel Anctil, François Morency et François Massicotte, les galas ont surtout été le lieu de performances d'humoristes de la relève et de certains qui commencent à faire leur marque. On espérait plus des soirées prestigieuses du festival.

Le bilan de Paul Journet

La meilleure blague

«Voici Monsieur électroménagers, celui qui connaît les boules aussi bien que le fond de sa poche, Yves Corbeil.» Celle-là est de Mado, qui s'excite en présentant le "câlleur de boule" tout désigné de son traditionnel bingo.

Le meilleur numéro

Christopher Williams qui termine son expérience en incitant les gens à danser avec leur voisin au son de (I Just) Died In Your Arms Tonight. Un sympathique prétexte pour permettre à des inconnus de fraterniser. Rien de très comique ou raffiné, mais on est impressionné par sa totale emprise sur la foule.

Le pire numéro

Christopher Williams, qui devient paranoïaque en entendant des gens parler pendant qu'il explique son expérience. S'imaginant qu'on rit de lui, il réplique en multipliant les invectives. Un peu gênant.

Le meilleur spectacle

Toro. Le théâtre de rue déambulant de la troupe Oposito était grandiose. La Madone, la mort et les toreros se succédaient au sein de ces tableaux chaotiques présentés dans les rues du centre-ville. Plus qu'un simple divertissement.

Une fausse bonne idée

Les deux Français du spectacle Le ring, qui essaient d'arracher des rires aux Québécois en plaquant des références locales, comme le pâté chinois, Céline et notre débat sur la langue. Insérés de force au milieu d'un spectacle d'acrobatie et d'humour burlesque, ces gags faciles tombent à plat.

Un artiste qu'il faut ramener l'an prochain

Charlypop. Même s'il n'en est pas à sa première participation, l'humoriste de 24 ans reste méconnu du grand public. Il mérite d'autres occasions de montrer son amusant mélange d'humour et de bruitage (beatbox).