Madonna et Michael Jackson vont tous deux célébrer leur demi-siècle ce mois-ci, mais si la chanteuse aborde la cinquantaine tout en flamboyance, celui qui se faisait appeler le «roi de la pop» semble avoir moins de raisons de se réjouir.

Madonna Louise Ciccone est née le 16 août 1958 dans le Michigan, Michael Joseph Jackson 13 jours plus tard et 450 km à l'est, dans l'Indiana.

Au milieu des années 1980, ils étaient devenus rois du hit-parade mondial, Jackson avec l'historique Thriller (plus de 50 millions d'exemplaires) et Madonna grâce à Like a Virgin, un cocktail de provocation, de sexe et de religion qui s'est avéré gagnant et durable.

Si Jackson avait déjà connu le succès très jeune avec ses frères, lui et Madonna «ont percé à l'époque de la chaîne musicale MTV», qui diffusait leurs clips en boucle, rappelle Robert Thompson, professeur d'audiovisuel à l'université de Syracuse.

Pour lui, «Michael Jackson, en tant que musicien, danseur et artiste de scène, a dix fois plus (de talent) que Madonna (...), c'est quelqu'un qui rivalise avec Sinatra, Bing Crosby et Elvis Presley, tout en haut».

Mais avec le recul, Madonna est celle qui a réussi à durer, «à se réinventer», note Geoff Mayfield, responsable des classements de la publication musicale professionnelle Billboard: «on n'est jamais à l'abri d'une surprise avec Madonna», dit-il.

Silhouette athlétique, elle livre encore des performances scéniques époustouflantes. Elle a surmonté une série de scandales dont certains ont impliqué le Vatican, outré par son utilisation de symboles religieux. Film exhibitionniste, livre de photos fétichistes, bisexualité... «rien de tout cela n'a eu des effets négatifs» sur sa carrière, constate M. Thompson.

Après avoir vendu plus de 200 millions d'albums, la «material girl» a signé en 2007 un contrat de dix ans couvrant tous les aspects de son activité artistique, évalué à 120 millions de dollars.

«Je ne sais pas comment elle sera à 60 ans, mais Mick Jagger en est arrivé là, et il est toujours en pleine forme», remarque Jerry Del Colliano, spécialiste de l'industrie musicale à l'Université de Californie du sud, qui salue en Madonna «une femme d'affaires de talent, capable de diriger une maison de disques».

En revanche, Michael Jackson, qui a écoulé autant sinon plus de disques que Madonna, a enchaîné les revers depuis plus de dix ans, se retrouvant même traduit en justice pour attouchements sur mineur.

Malgré un acquittement en 2005, sa carrière n'a jamais redécollé; Jackson vit en reclus à Las Vegas et des paparazzi l'ont récemment photographié en fauteuil roulant.

«On peut dire que Michael Jackson a perdu l'étincelle créative et sa capacité à être une star», estime M. Del Colliano, tandis que M. Thompson affirme que «Michael Jackson est le parfait exemple de quelqu'un qui a été détruit par le niveau de gloire qu'il avait atteint».

«Même sans les péripéties judiciaires qu'il a vécues, il s'était déjà singularisé», ajoute M. Mayfield, allusion au monde excentrique que s'était construit le chanteur dans son ranch californien.

Reste l'héritage musical: en 2008, Jackson a encore vendu 627 000 exemplaires aux États-Unis d'une version remixée de Thriller.

De son côté, Madonna a écoulé 612 000 copies de son dernier disque, Hard Candy, qui a atteint la première place du hit-parade américain.

Cette mère de trois enfants, dont un petit David récemment adopté au Malawi, devait fêter ses 50 ans avec des amis triés sur le volet dans sa propriété de l'ouest de Londres, selon le Daily Mail. La porte-parole de Jackson n'a pas répondu aux questions de l'AFP sur l'emploi du temps de son employeur le jour de son entrée chez les quinquagénaires.