Fraser Café, 143, avenue Putman, Ottawa, On. (613) 749-1444. www.frasercafe.ca Cote Jury 15,5/20

Fraser Café, 143, avenue Putman, Ottawa, On. (613) 749-1444. www.frasercafe.ca Cote Jury 15,5/20

Difficile à croire que dans ce minuscule petit carré qui abritait à l'époque rien de mieux qu'une friterie bien ordinaire, on ait réussi à installer un bistro de belle qualité.

Entre les deux, il est vrai que The Works a démontré que l'on pouvait avoir du plaisir à jouer du coude tout en mangeant des hambourgeois haut de gamme. Le succès a transformé le site original de The Works en une petite chaîne à succès et les frères Simon et Ross Fraser ont dû se dire qu'il devait être possible de pousser l'idée encore un cran plus haut. L'opportunité est venue lorsque The Works a décidé de déménager dans un local un peu plus spacieux à l'autre bout du quartier, rue Saint-Laurent.

Fraser Café offre à peine deux douzaines de places. Le bon côté de cette exiguïté, c'est que l'endroit n'a jamais l'air vide, sans vie. Trois tablées suffisent à mettre de l'ambiance. Cependant, cela n'a pas été un souci jusqu'ici. Ouvert en mai, Fraser Café semble vite devenu un bistro à la mode. Le jeudi soir de notre visite, aucune place disponible à l'intérieur, il n'y avait que la petite terrasse pour souffler un peu. Des réservations sont donc de rigueur.

Le plus vieux des frangins commence la trentaine mais les deux ont déjà travaillé dans plusieurs des meilleurs établissements d'Ottawa (Beckta, Domus, Café Henry Burger) et d'ailleurs (Eigensinn Farm, Café Boulud). Pour cette première aventure comme propriétaires, ils promettent une cuisine "saisonnière" à partir de produits locaux.

Le menu est assez court : six entrées (de 7 à 11 $), six plats principaux (17 à 25 $), qui évoluent selon les arrivages. Pour les aventuriers, la cuisine propose un plat-mystère, à la discrétion des chefs. Ce jour-là, c'était un mariage de pétoncles-filet de poisson en entrée, d'une belle finesse, et d'une côte de porc sur lit de lentilles, en plat principal. Le porc souffrait d'une légère surcuisson qui passait pas mal inaperçue avec la base goûteuse des lentilles, richement relevée par du bacon cuit lentement.

Ce plat représentait bien la cuisine de goût des frères Fraser. On sent l'influence des cuissons lentes, des sauces bien travaillées, des chairs marinées, des assiettes bien garnies, qui comblent les papilles et les estomacs. À preuve aussi avec ce boeuf de belle qualité, grillé à point, servi dans un bouillon avec des nouilles de type udon, comme une soupe pho vietnamienne. Ou ce magret de canard délicatement relevé d'un jus délicatement sucré aux prunes rouges.

Cette vision se voit aussi au dessert avec des offres pleines de saveurs, pas toujours légères (7 $) : pouding au pain, pouding au riz, etc.

On ne sort pas du Fraser Café avec l'estomac creux qui réclame un plat plus copieux, ou l'envie d'une collation avant de se mettre au lit.

On sort cependant avec le désir d'un peu de calme, d'un peu d'espace. Les frères jouent du coude en cuisine midi et soir, c'est comme s'ils voulaient nous imposer pareil. Pour maximiser les places, les tables sont minuscules, le personnel se faufile de travers pour servir, les tête-à-tête deviennent des repas communaux.

Sur le sujet, il faudrait souhaiter que les autres aspects de la restauration suivent le travail en cuisine. La carte des vins souffre d'un manque d'imagination - de choix, n'en parlons pas -, le personnel sur le plancher a de la difficulté à suivre... même avec 25 clients. Le service de l'eau, du vin, du pain, les petites attentions spéciales font atrocement défaut. Quant à la musique d'ambiance, on la souhaiterait plus discrète : l'endroit est déjà bien assez bruyant comme ça.

Pour deux personnes, prévoyez entre 70 et 80 $, plus consommation, taxes et service.

pjury@ledroit.com

RÉSULTATS

Cuisine : 8,5/10

Service : 4/6

Décor : 3/4