Le service de nouvelles de TQS est disparu officiellement hier à 18h. Que deviennent ses anciens journalistes? Portrait d'une ancienne famille.

Hier soir, Martin Robert ne prévoyait pas regarder le dernier bulletin d'informations de TQS. Ni Anne Préfontaine. Même chose pour plusieurs de leurs anciens collègues, déjà partis après la première vague de licenciements. Une fois le deuil terminé, inutile de retourner sur le lieu de l'enterrement.

«À l'annonce de la mort de l'info, j'ai connu mon petit moment de déprime, admet Martin Robert. Mais l'amertume est passée. Je suis rendu ailleurs.»

Ailleurs, c'est Moncton. En avril dernier, inquiet de l'avenir de TQS, Martin Robert s'est rendu au Nouveau-Brunswick pour postuler un emploi de chef d'antenne à Radio-Canada. À son retour, il apprenait la mauvaise nouvelle: TQS abolirait son service de l'info en septembre.

«J'ai finalement obtenu le poste, raconte-t-il. Je viens de commencer. J'ai acheté une propriété à Moncton, ma conjointe vient compléter sa maîtrise ici, ma famille me suit.»

Comme lui, la plupart des autres journalistes de TQS ont courtisé ou été courtisés par d'autres médias dans les derniers mois. Ce qui a transformé des collègues en concurrents.

«Ça m'inquiétait, avoue Anne Préfontaine. Plusieurs de mes collègues étaient beaucoup plus expérimentés que moi. Les stations avaient l'embarras du choix», se souvient la journaliste de 31 ans, maintenant à TVA.

Certains de ces journalistes aguerris ont quitté la télé. Esther Bégin s'apprête à remplir la case laissée vacante par Benoît Dutrizac au 98,5 FM, et Benoît Tranchemontagne devient journaliste à l'émission du retour de Sébastien Benoît à Rythme FM.

Pascal Robidas, lui aussi, a craint le goulot d'étranglement créé par tous ces nouveaux chercheurs d'emploi.

«La fermeture de l'info à la radio anglophone 940 AM rendait la situation encore pire», se souvient le journaliste de 28 ans.

En mai dernier, Radio-Canada a organisé une séance spéciale de tests d'embauche pour les journalistes de TQS. Pascal Robidas a été retenu.

«On m'a offert une permanence à Winnipeg. Ça me semblait un peu loin au début, mais j'ai finalement accepté. J'ai commencé le 28 juillet. C'est drôle, on dirait que je dois regarder ma plaque d'immatriculation du Manitoba pour réaliser que je suis rendu ailleurs.»

Nouvelles vocations

Quelques employés sont restés en poste cet été au sein des deux bulletins d'informations restants, à 17h30 et 22h30. Parmi eux, Luc Bessette, le réalisateur et président du syndicat de l'information.

«C'est triste de voir que mes collègues perdent leur emploi, mais pas plus que pour n'importe quelle autre entreprise. Mais je trouve cela particulièrement dommage pour la démocratie. Une source d'info différente disparaît.»

La plupart des journalistes ont trouvé un autre boulot. Mais Luc Bessette observe que ses collègues plus vieux, surtout ceux qui, comme les scripteurs et les caméramans, travaillent derrière la caméra, se replacent plus difficilement.

Certains journalistes aussi cherchent encore. C'est notamment le cas de Jean Lajoie, en poste à TQS depuis les débuts de la chaîne, en 1986. «Pour l'instant, je suis agent libre. Mais avec mes 22 années d'expérience, je reste optimiste. Mon style de chronique avec des happy endings était apprécié, je pense.» Il n'écarte pas non plus une carrière en relations publiques.

Certains de ses anciens collègues sont rendus complètement ailleurs. Le couple formé de Daniel Joannette et Nancie Ferron se lance dans un projet de commerce de lavande sur sa ferme de Saint-Eustache. «Nous préparions cela depuis quelque temps déjà, précise-t-il. Disons que la fin des nouvelles à TQS l'a un peu précipité.»

Comme la plupart de ses collègues, le journaliste Martin Labrosse a perdu son amertume.

«L'esprit de camaraderie de la petite boîte de TQS me manque un peu, mais je suis vraiment content d'apprivoiser Radio-Canada, explique celui qui y travaille maintenant derrière la caméra. L'histoire de TQS m'a secoué, mais il faut continuer à avancer. Parce que la vie, elle, n'arrête pas.»

Nouveaux défisOù sont rendus les anciens journalistes de TQS? Voici une liste non exhaustive.

RADIO-CANADA/RDI

Montréal

Nathalie Roy, RDI en direct

Martin Labrosse

Jean Sawyer

Véronique Darveau

Moncton

Martin Robert, chef d'antenne

Winnipeg

Pascal Robidas

TVA/LCN

Jean-Luc Mongrain (LCN au printemps 2009)

Caroline Lacroix

Anne Préfontaine

Elizabeth Rancourt

Véronique Prince (J.E.)

RADIO

Benoît Tranchemontagne (Rythme FM et La Semaine)

Esther Bégin (98,5 FM)

AILLEURS

Jean Lajoie

Daniel Joannette

Nancie Ferron