Des députés de l'opposition ont évoqué le spectre de la censure et de l'abus de pouvoir, mardi, au moment d'entamer une révision, par la Chambre des communes, de compressions totalisant près de 45 millions $ au financement des arts.

Les trois partis d'opposition ont exigé cet examen dans la foulée des coupes effectuées discrètement en plein été, pendant la pause des travaux parlementaires.

«Ces compressions ont été décidées en secret, sans consultation ni examen public», a déclaré une députée du Nouveau Parti démocratique au comité des Communes sur le patrimoine. On peut craindre que le gouvernement sélectionne les artistes qu'il appuie et ceux qu'il n'appuie pas, et dans une démocratie, cela me paraît dangereux, a dit Peggy Nash.

Ces coupes affectent des programmes cruciaux pour la promotion des arts canadiens à l'étranger, et semblent avoir visé les artistes dont la politique et la philosophie ne plaisent pas au gouvernement conservateur, a-t-elle ajouté.

Mais les députés conservateurs soutiennent que ces compressions sont le résultat d'une révision «stratégique» du financement des arts, qui a conclu que ces programmes avaient atteint leurs objectifs initiaux, ou gaspillaient de l'argent en dépenses administratives excessives.

L'opposition réclame un moratoire sur ces mesures jusqu'à ce que le comité du patrimoine des Communes ait terminé ses audiences sur la controverse, audiences qui pourraient débuter dès la semaine prochaine.

D'après le député Mauril Bélanger, du Parti libéral, le gouvernement a peut-être excédé ses pouvoirs en réduisant arbitrairement le financement de programmes approuvés par les Communes dans le budget 2008, ainsi que dans les prévisions de dépenses subséquentes. «Nous vivons en démocratie parlementaire, et ce gouvernement semble vouloir éviter le Parlement comme la peste», a-t-il lancé.

Son confrère libéral Denis Coderre a déploré que les artistes et groupes de créateurs aient appris les compressions «par la porte d'en arrière», et il a fait valoir que le gouvernement ne tient pas compte des retombées économiques des activités de la communauté artistique, évaluées par le Conference Board du Canada à plus de 84 milliards $, ou 7,4 pour cent du PIB, pour l'année 2007.