Un instrumental rock de Nine Inch Nails mixé à un a cappella d'Édith Piaf, voilà ce qu'on appelle du mashup dans l'univers des D.J.s. Style musical sur le respirateur artificiel à New York, selon l'ex-mannequin et artiste Ève Salvail, le mashup démarre à fond dans la jungle nocturne de Québec avec les Mashup Potatos.

«La puissance d'un mashup, c'est de rejoindre deux publics très différents», explique D.J. SiFu, du duo Mashup Potatos, qui a donné rendez-vous au Soleil au Cercle, où il a déjà joué. En effet, un mashup consiste à mixer deux chansons disparates, mais connues, pour en faire une création à nouvelle saveur musicale.

Par exemple, D.J. SiFu adore mixer du Daft Punk avec du Vanilla Ice. Pour les néophytes du genre, les Mashup Potatos enflammeront, le soir du 26 juillet, le Vélirium 2008, le festival international de vélo de montagne au mont Sainte-Anne qui débute aujourd'hui.

«Ce sont des tounes bonbons parce que tout le monde les reconnaît!» lance l'autre membre du duo, D.J. Viciouskratch. Le mashup permet de faire lever une foule en un rien de temps. «Quand une crowd est un peu trop calme dans une soirée, tu mets un mashup et ça part! Tu sens l'énergie monter d'un seul coup!» s'exclame D.J. SiFu, l'oeil brillant. C'est pourquoi il préfère ces soirées spécialisées aux bars, trop «karaoké» à son goût.

Génies de l'informatique

Comme les variations musicales sont infinies, il existe plusieurs types de mashup : hip-hop, house, électro, etc. Si la partie semble gagnée d'avance avec un mélange efficace de succès, ce style exige une grande culture musicale... surtout pour éviter la cacophonie!

Truc no 1 : synchroniser à l'avance deux pièces qui comptent un nombre semblable de battements par minute, afin de donner une structure musicale au morceau.

Truc no 2 : superposer ou alterner d'autres sources musicales en accord, afin d'insuffler plus de rythme.

Pour offrir un spectacle professionnel, ces D.J.s peuvent bosser jusqu'à 100 heures sur une création. «Mais les meilleurs mashups se font souvent par erreur», précise D.J. SiFu.

Véritables génies de l'informatique, ils écoutent pendant des heures des morceaux sur des magasins de musique digitale, comme Beat Port. «C'est le même processus de création que pour une chanson», affirme Ève Salvail, jointe au téléphone à Miami. Reconvertie en D.J. depuis trois ans, elle enregistre toujours une grande partie de la trame avec laquelle elle jouera dans une soirée.

La création caractérise le mashup. Un instrumental créé par un D.J., mixé avec une chanson populaire, s'appelle un remix. Tandis qu'un mashup est constitué de deux chansons populaires.

Mashup Potatos explique que les D.J.s qui en font ne paient aucun droit d'auteur aux artistes qu'ils font jouer. «C'est pour cette raison que le mashup est une performance et qu'on ne peut pas vendre de CD, précise D.J. Viciouskratch. Le mashup demeure donc assez underground.»

Certains artistes leur donnent parfois une chanson. «Ça leur fait de la publicité gratuite!» estiment les deux D.J.s.

De New York à Québec

Le mashup a émergé à la fin des années 90 à la faveur de l'ère du digital. Avec des chansons numérisées, il est devenu beaucoup plus facile pour les D.J.s d'enlever des fréquences avec un ordinateur et d'isoler un a cappella d'Édith Piaf, par exemple.

Pourtant, les Mashup Potatos représentent l'un des seuls groupes de D.J.s à faire du mashup à Québec parmi la centaine que compte la ville. Si Montréal surfe déjà sur la vague depuis deux ans, le mouvement est apparu en Amérique du Nord à New York, il y a quatre ans. «Mais ça fait très longtemps que ça existe en Europe et en Asie!» s'exclame Ève, surnommé D.J. Evalicious. «C'est un phénomène international, mais le rush est déjà passé à New York, contrairement au Québec», estime D.J. Evalicious qui a vécu partout sur la planète avant de se poser à Miami.

Cette amoureuse du mashup, comme elle se qualifie, aime faire danser les foules aux sons du hip-hop et des années 80. Un de ses classiques : Pour Some Sugar on Me de Def Leppard mixé avec sept chansons. «Ça va vraiment chercher tout le monde», affirme celle qui compte finir ses vieux jours au Québec.

En attendant, après l'Espagne et l'Égypte, Ève jouera à Québec, le 25 septembre, à l'occasion d'un défilé de mode au magasin Simons de Place Sainte-Foy à Québec.

À l'affiche aujourd'hui

Plaines d'abraham

California Guitar Trio / Toni Levin / Pat Mastelotto 20 h

The Musical Box 20 h 30

Parc de la francophonie

Guérilla Poubelle 19 h

Xavier Caféïne 20 h 15

Vulgaires Machins 21 h 45

Palais Montcalm

Place d'Youville

Magnolia 12 h

René Lacaille 15 h 30

Ghislain Poirier 18 h 30

Shibusa Shirazu Orchestra 21 h 30

Pub Saint-Alexandre

Joaquin Diaz 22 h 30

René Lacaille 23 h 55

> Largo resto club*

Lorraine Desmarais et Alain Caron 20 h 30

> Impérial de québec*

Starvin Hungry 20 h Egypt Central 21 h 30

> Le cercle*

Mutek présente: Krikor, Cabanne & DJ More 22 h

* L'Impérial de Québec, le Largo Resto Club et le Cercle sont situés en basse ville et ne sont pas identifiés sur cette carte.