Mahmoud Darwich, le poète de la cause palestinienne décédé aux États-Unis, devait être enterré mercredi à Ramallah, en Cisjordanie, lors d'imposantes funérailles nationales.

La dépouille du poète a été transportée depuis Amman par un hélicoptère militaire jordanien qui a atterri dans la cour de la Mouqataa, le QG du président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie.

Une cérémonie d'adieu avait eu lieu en Jordanie en présence de nombreux dignitaires avant le transfert de la dépouille à Ramallah.

Darwich, décédé le 9 août à l'âge de 67 ans, devait être inhumé près du palais de la Culture de Ramallah, dans un lopin de terre depuis lequel peut être aperçue la banlieue de Jérusalem, dont les Palestiniens ambitionnent d'en faire la capitale de leur futur État.

Dans la Mouqataa, une garde d'honneur a présenté les armes devant le cercueil, enveloppé du drapeau palestinien et porté par huit officiers.

La dépouille a ensuite été posée dans une salle où le président palestinien a rendu hommage au défunt qui incarnait l'aspiration de son peuple à l'indépendance et racontait leurs souffrances causées par l'exil et l'occupation.

«Nous ne pouvons pas croire qu'il est parti», a dit M. Abbas devant des membres de la famille de Darwich, des officiels, des diplomates et des dignitaires religieux. «Tu resteras avec nous Mahmoud car tu nous a laissé tout ce qui nous unit. Nous ne te disons pas adieu mais au revoir».

Il a promis que les Palestiniens réaliseraient le rêve du poète de «hisser le drapeau palestinien» à Jérusalem.

La France était représentée à la cérémonie par l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, qui connaissait personnellement Mahmoud Darwich auquel il s'est référé comme un homme qui «a la lumière d'une étoile triste» dans son livre Hôtel de l'insomnie.

Une prière collective à la mémoire du défunt, conduite par le mufti de Jérusalem, Mohammad Hussein, a été récitée dans la salle.

Le cercueil devait ensuite être conduit vers la tombe sur un véhicule militaire qui arpentera des rues de Ramallah.

Des dizaines de milliers de Palestiniens devaient l'accompagner vers sa dernière demeure lors de funérailles sans précédent depuis celles de Yasser Arafat, le chef historique des Palestiniens décédé en novembre 2004.

«Mahmoud Darwich restera dans les coeurs de tous les Palestiniens et tous les Arabes», a dit le premier ministre palestinien Salam Fayyad lors de la cérémonie à Amman où la dépouille mortelle avait été rapatriée depuis les États-Unis.

Le célèbre chanteur libanais Marcel Khalifé, qui a interprété plusieurs poèmes de Darwich, a chanté d'un ton ému l'un d'eux devant une assistance en pleurs à Amman.

«J'ai la nostalgie du pain de ma mère, du café de ma mère, des caresses de ma mère... Et l'enfance grandit en moi, jour après jour, et je chéris ma vie, car si je mourrais, j'aurais honte des larmes de ma mère», a-t-il entonné.

Mahmoud Darwich, qui souffrait d'une maladie cardiaque, est décédé dans un hôpital de Houston, où il avait subi une intervention chirurgicale.

Il avait acquis une notoriété internationale, avec près de trente ouvrages traduits en quarante langues. Lauréat du prix Lénine de l'ex-URSS, chevalier des Arts et des Lettres (France), il avait reçu à La Haye le prestigieux prix Prince Claus pour «son oeuvre impressionnante».

Son célèbre poème de 1964, Identité, sur le thème d'un formulaire israélien obligatoire à remplir, deviendra un hymne repris dans tout le monde arabe.

Originaire du village d'Al-Birweh, en Galilée, rasé à la création d'Israël en 1948, Il avait choisi l'exil au début des années 1970, avant de s'installer dans les territoires palestiniens en 1995.