Luc Archambault, l'artiste visuel à l'origine de «l'affaire McCartney» revient sur sa position et demande qu'on cesse de le blâmer pour la polémique entourant la venue de l'ancien Beatle au 400e anniversaire de Québec. Il estime avoir été victime des médias.

M. Archambault dénonce le détournement de la fête du 400e anniversaire de Québec et la «canadianisation» des célébrations. «Je ne suis pas contre la venue de Paul McCartney, dit-il. Au contraire, je suis le premier à applaudir un artiste qui a du succès. Je déplore qu'on n'ait pas fait un gros spectacle comme la Superfrancofête en 1974.»

Un texte publié sur le site Internet de l'artiste, signé par Pierre Curzi et Daniel Turp, remettait en question la pertinence d'un concert en anglais de Paul McCartney sur les plaines d'Abraham demain. La chef du Parti québécois, Pauline Marois, s'est dissociée des propos de ses députés.

En entrevue avec La Presse, le peintre, sculpteur et céramiste affirme vouloir prendre ses responsabilités dans cette affaire, qui a pris des proportions planétaires. «Il est temps de rétablir les faits. Je crois que la musique n'est pas un langage universel, surtout si elle a des paroles. Je voulais entamer une discussion avec M. McCartney. Il pense que son oeuvre et son succès sont universels.»

«Vous n'êtes pas le bienvenu ici»

Plus de 170 millions de personnes ont été exposées à la polémique de «l'affaire McCartney», selon la firme de recherche Influence Communication. Partout dans le monde, les médias ont fait leurs choux gras de la nouvelle.

En Angleterre, les tabloïds ont été les plus virulents. Un article publié hier matin dans le Daily Star de Londres s'intitule «Les citoyens en rogne du Québec disent Get back à Paul».

«Sir Paul McCartney a été averti par les Canadiens français: «Vous n'êtes pas le bienvenu ici»«, dit l'article, qui poursuit en expliquant que les citoyens de la province ne veulent pas de l'ancien Beatle «parce qu'il est anglais.»

Hier matin, le site Internet de la BBC a même dû réviser ses notions de géographie nord-américaine: «Le concert de Sir Paul est la seule apparition publique prévue cette année aux États-Unis», pouvait-on y lire. L'erreur a été corrigée quelques heures plus tard.

Selon le président d'Influence Communication, Jean-François Dumas, cette traînée de poudre est très négative pour la réputation de la province. «Ce n'est pas une bonne presse et c'est un peu gênant. C'est un très mauvais coup si l'on veut mettre en marché une ville ou une province.»

Dans le «reste du Canada»

Au Canada, certains éditorialistes anglophones apostrophent les responsables de la bisbille qui entoure la venue de Paul McCartney. «Pour être sûr que le Canada soit bien représenté dans le domaine de la stupidité, Luc Archambault et d'autres souverainistes de Québec ont annoncé leur opposition au fait que Paul McCartney participe à un concert pour célébrer le 400e anniversaire de Québec», écrit Lyn Cockburn dans l'Edmonton Sun.

Dans The Globe and Mail, un éditorial mentionne que «les Canadiens connaissent bien la xénophobie et l'esprit de clocher de plusieurs séparatistes québécois».

L'éditorial de The Gazette à Montréal interroge le lecteur sur la véracité de l'affaire McCartney à Québec. «C'est une blague, non? Mais il semble que quelques personnes croient au lien entre Wolfe et McCartney.»

Jean-François Dumas croit que la couverture de l'affaire peut nuire à la relation entre les francophones du Québec et leurs voisins anglophones. «Ça met en relief les éléments de xénophobie qui alimentent certaines perceptions du Québec, dit-il. Heureusement, la nouvelle est en train de mourir. Dans six mois, tout le monde l'aura oubliée.»

La Beatlemania sur les plaines : Un dossier de quatre pages à lire demain dans le cahier Arts et Spectacles.