La dernière fois, c'éait en 1970, avec Tommy, pièce du regretté Fernand Nault. Depuis, les Grands Ballets canadiens de Montréal sont devenus une compagnie de création contemporaine qui comme telle revient à Paris par la grande porte, celle du Grand Palais, avec un programme triple, du 21 juillet au 9 août, dans le cadre prestigieux des Étés de la danse.

Bien sûr, les GBCM tournent toute l'année, aux États-Unis, en Italie ou en Allemagne. Mais Paris reste Paris, une capitale culturelle qui continue de donner le pouls en matière de reconnaissance internationale, notamment au chapitre de la danse. Alors être la compagnie invitée des Étés de la danse représente un événement majeur qui aura forcément de retentissantes retombées sur le futur : «C'est d'abord la chance de présenter la compagnie au public sur place (50 000 spectateurs lors de la troisième présentation de 2007), souligne le directeur général Alain Dancyger, mais c'est aussi la présence des diffuseurs internationaux.»

Valery Colin, ancien danseur de l'Opéra de Paris et directeur des Étés de la danse, raconte la genèse de l'aventure :

«Lorsque j'ai proposé cette idée d'un grand événement de danse parisien pendant l'été, c'est parce qu'il n'y en avait aucun en juillet-août, et pourtant, il y a énormément de monde à Paris pendant l'été : les Parisiens, mais aussi les touristes en plus du public qui vient de province. C'est ce qui explique le succès fulgurant de l'événement, dès sa création en juillet 2005.»

D'autant que la caractéristique des Étés de la Danse, c'est de n'inviter qu'une seule compagnie par présentation : «Trois programmes minimum, pour une vingtaine de représentations pendant trois semaines d'affilée, dit Colin, c'est un énorme défi artistique qui permet à la compagnie de se faire connaître du grand public et des publics spécialisés.»

Et puis, il y aussi le lieu. Une sorte de féerie. Après avoir investi les jardins des Archives nationales en 2005 et 2006, les Étés de la danse ont lieu depuis 2007 sous la grande verrière du Grand Palais, emblématique monument parisien édifié aux pieds des Champs-Élysées.

Une gigantesque scène, une nef ouverte aux quatre côtés, y est construite devant un gradin prévu pour 2500 spectateurs : «Les pièces que nous présentons sont connues du public montréalais, mais les danser dans cette ambiance-là va produire une émotion tout à fait unique» précise le directeur artistique Gradimir Pankov qui souligne combien cette occasion est «essentielle pour la compagnie.»

Au-delà des célébrations du 400e de Québec

Il se trouve que cet honneur fait aux GBCM a lieu pendant l'été 2008. Les célébrations du 400e anniversaire de Québec ont-elles donc décidé du choix de Valery Colin? «Pas du tout, j'avais déjà fait l'invitation aux Grands Ballets qui devaient initialement venir en 2009, mais à cause du désistement de la compagnie programmée en 2008, nous avons avancé d'un an. Disons que cela tombe bien que ce soit l'année de ces célébrations, mais mon choix reste purement artistique. Je connais Gradimir (Pankov) depuis qu'il était venu donner des classes à l'Opéra de Paris et je suis son travail avec les GBCM depuis une dizaine d'années. Avec Claude Bessy et Marina de Brantes, nous avons choisi la compagnie pour sa grande diversité, la qualité technique et artistique, la jeunesse, la passion, la composition internationale des danseurs. C'est une compagnie originale qui tient sa place après les grandes compagnies invitées précédemment.»

Pour l'équipe des GBCM, il demeure quand même important de s'inscrire dans le cadre du 400e anniversaire de Québec. Important au niveau des nombreuses subventions et commandites dont ils ont bénéficié aussi dans ce cadre. Lors du gala d'ouverture du 21 juillet, aux côtés de l'Ambassadeur du Canada et du Délégué général du Québec à Paris, seront d'ailleurs présents plusieurs ministres français.

Un programme à la hauteur

Dans l'impressionnante médiatisation parisienne qui entoure l'événement, les qualités de la compagnie sont partout mises en avant, des quotidiens à Paris Match ou à la revue spécialisée Danser, la presse ne tarit pas d'éloges tandis que les affiches sont partout.

Le programme, choisi dans leur répertoire par l'équipe des Étés de la danse, est éclectique et international à souhait : des valeurs sûres - Minus One de Ohad Naharin, Six dances de Jírí Kylián, Les quatre saisons et Cantata de Mauro Bigonzetti - et de jeunes créateurs - TooT, de Didi Veldman et Noces de Stijn Celis. Un programme fort, à la fois représentatif et spectaculaire, qui privilégie musicalité et accessibilité.

Autour des GBCM, sous la coupole du Grand Palais, en plus des cours publics, le public parisien pourra découvrir d'autres artistes québécois : la photographe Jocelyne Alloucherie avec son installation Occidents, le designer Nicolas Reeves avec ses cubes volants qui survoleront les têtes, ainsi que des after-shows très chauds, présentés par les DJ d'Elektra. Pas de doute que cet été à Paris marquera un tournant dans l'évolution des GBCM. Un véritable envol.

LES ÉTÉS DE LA DANSE À PARIS

Créés en juillet 2005 par Valery Colin, ex-danseur de l'Opéra de Paris. C'est la quatrième présentation.

Le lieu : La verrière (récemment restaurée) du Grand Palais, sur une scène de 400 m2 spécialement édifiée devant des gradins pouvant accueillir 2500 spectateurs.

Précédentes compagnies invitées :

2005, San Francisco Ballet ; 2006, Alvin Ailey American Dance Theater ;

2007, Ballet National de Cuba.

Un succès retentissant :

2005 - 20 000 spectateurs ;

2006 - 45 000 spectateurs ;

2007 - 50 000 spectateurs.

Une visibilité énorme : affichage sur les autobus, abribus et stations de métro de la capitale française.